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19/06/2013

«Il n’existe pas 2 sexes (mâle et femelle) mais 48»

«Nous vivons dans une société qui fait comme s’il n'y avait que deux sexes, or il en existe 48, soit le continuum d'intersexe entre le pôle mâle et le pôle femelle.» Pour Eric Macé, sociologue et chercheur au CNRS, ce qui semblait jusqu’ici une évidence, c’est-à-dire la différence naturelle binaire entre mâle et femelle, est en train de voler en éclat. Pourquoi ?

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Berlin, 19 août 2009, Championnats du monde, finale du 800 mètres «dames» : la Sud-Africaine Caster Semenya, 18 ans, accomplit un véritable exploit en courant la finale du 800 mètres féminin en 1 minute 55 secondes 45 centièmes. Sa victoire est de courte durée. À peine la course finie, le staff des équipes rivales et les journalistes sportifs accusent la championne d’être un homme. Les épaules de Caster Semenya sont trop larges, son bassin trop étroit, sa poitrine trop plate, ses maxillaires trop carrées… «trop», «trop», «trop»… pour être considérée comme une «authentique femme». Le commentateur Mondenard déclare même sur Europe 1 «onze athlètes avaient une culotte et une seule avait un bermuda» (1). Aurait-il fallu que Caster porte du maquillage ? L’athlète subit alors des examens sanguins, chromosomiques et gynécologiques. Coup de tonnerre. Il s’avère que Caster Semenya possède un appareil génital externe féminin et des testicules internes. Elle est intersexuelle. Elle ne le savait pas.

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L’accès aux toilettes pour dames lui est interdit (alors qu’elle urine avec une vulve). La voilà suspendue. On l’accuse d’avoir sournoisement profité de son avantage génétique… Ce qui soulève toutes sortes de problèmes aux relents douteux. Faudrait-il organiser des Championnats en séparant les blancs des noirs sous prétexte que les noirs seraient avantagés sur le plan génétique (2) ? Faudrait-il éliminer les championnes de course dont le taux de testostérone dépasse la moyenne, afin de rétablir l'équité ? Mais dans ce cas, ne s'agirait-il pas d'une discrimination ?

Le grand public lui-même s’émeut : «La règle qu’on nous a apprise à l’école : XY : un pénis et deux testicules, XX : un vagin et deux ovaires, c’est à peine si on nous avait parlé des exceptions», s’interroge un internaute. Le problème, justement, c’est que le fait même d’être sportif de haut niveau suppose l’exception. Une athlète ne peut pas avoir la silhouette de Marilyn Monroe. Au nom de quel «principe naturel» exiger que les coureuses soient des «vraies femmes», sachant que la nature les a dotées de caractéristiques morphologiques ou hormonales qui sortent de la norme ? Par ailleurs, que signifie être "une vraie femme" sur le plan biologique ?

«Les controverses soulevées par le test de féminité (3) ont ainsi contraint le milieu médico-sportif à prendre en compte les niveaux pluridimensionnels de l’identité sexuée et à s’interroger sur la définition de la «vraie femme» : définition impossible», affirme la chercheuse Anais Bohuon. Dans son livre Le Test de féminité dans les compétitions sportives, elle démontre avec justesse que sur le plan biologique séparer les dames des messieurs, ça n'est pas si simple que ça… Dès qu'on essaye d'appliquer des tests de féminité suivant des critères présentés comme objectifs, les résultats sont déconcertants.  «Entre le sexe morphologique, le sexe chromosomique, le sexe génétique et le sexe endocrinien, on ne sait plus auquel se référer pour penser ce qui détermine l’assomption subjective du sexe», résume François Ansermet, psychiatre spécialiste de l’intersexuation (4). Nous sommes tous et toutes porteurs/porteuses à la fois de caractéristiques mâles et femelles (5). 

Les personnes qui, comme Caster Semenya, naissent pseudo-hermaphrodites nous obligent donc à revisiter cette question des catégories sexuelles avec des yeux nouveaux (6). Caster fait en effet partie de cette portion non négligeable d’humains qui, à hauteur de 2%, constituent l’humanité et dont le nombre augmente… au fur et à mesure que les connaissances (et les tests) progressent. Il devient de plus en plus difficile de les reléguer au rang de simples erreurs biologiques. Car ce que les intersexuels représentent, c’est la pointe visible de cet iceberg qu’est l’hermaphrodisme fondamental des êtres humains. Eux, le sont de façon spectaculaire et leur ambiguité biologique s’accompagne de stérilité. Nous, nous le sommes de façon atténuée. Et -pour la grande majorité d’entre nous- nous pouvons nous reproduire. «Les cas d'intersexuation sont "pathologiques" par rapport à un "normal" défini par leur fonctionnalité reproductive, explique Eric Macé. Mais la plupart des cas d'intersexuation ne sont pas pathogènes, c'est-à-dire qu'ils ne nécessitent aucune thérapie (sauf certains types très particuliers)». 

Pour Eric Macé, l’ambiguité sexuelle ne devrait plus être classée dans la catégorie des maladies. «Certains cas, rares, peuvent entraîner la mort si ils ne sont pas traités médicalement. Mais la plupart des cas ne posent pas de problème médical. Donc le fait que les intersexuations soient considérées comme des pathologies relève plus d’un problème culturel.» Le problème date d’ailleurs du 18e siècle, ce qui est plutôt récent dans l’histoire de l’Occident. Jusqu’au 18e siècle, les hermaphrodites faisaient partie de la catégories des «monstres et merveilles». Ils étaient considérés comme des curiosités «dans le cadre admis du désordre qu’étaient les foires foraines» ou les temples, donnés à voir comme les signes visibles d’une violation des normes sociales et religieuses. Au 18e siècle, les voilà qui deviennent des erreurs de la nature, dues à des anomalies dans le développement embryonnaire… Parallèlement, la notion de différence homme-femme (qui s’inscrivait jusqu’ici dans un cadre purement symbolique sous-tendu par la croyance en un ordre divin) bascule elle aussi dans le domaine des sciences, de la raison et des Lumières. Au cours du 19e siècle, avec les progrès de la biologie, les occidentaux établissent en vérité absolue l’idée que c’est la nature (et non plus Dieu) qui fonde la différence entre l’homme et la femme. La différence physiologique des sexes permet alors aux idéologues d’établir que la femme est «naturellement» femme et que ses dispositions proviennent nécessairement de la conformation de ses organes, de ses hormones, de ses gènes, etc.

Le problème, c’est que plus la science avance et plus les chercheurs tombent des nues. Non, les femmes ne sont pas physiologiquement prédisposées à la crise de nerfs ni à l'amour. On peut les laisser lire des romans ou conduire des avions, sans danger. Non, la masturbation n’entraîne pas la surdité ni l’anémie. Dès lors, pourquoi enfermer les  «fricatrices» à l’hôpital Sainte Anne ? Non, l’homosexualité n’est pas une forme grave de dégénérescence héréditaire. La castration chimique dès lors ne s’impose plus. Non, les sadomasochistes ne sont pas des fous. Inutile de les interner. Au 19e siècle, de nombreuses pratiques, de nombreux désirs avaient été constitués en maladie. Au 20e siècle, progressivement, les médecins sont obligés de réviser sans cesse les nomenclatures internationales que sont le Manuel Diagnostique et Statistiques des troubles mentaux (ou DSM) de l’American Psychiatric Association et la Classification Internationale des Maladies de l’Organisation mondiale de la santé. Ce qui semblait évident il y a 100 ans ne l’est plus aujourd’hui. Alors pourquoi ne pas envisager l’idée que nos certitudes actuelles reposent  aussi sur des préjugés ?

Nos certitudes actuelles c’est qu’il y a seulement deux sexes, et qu’entre les deux se trouvent des ratés. Ce que les chercheurs découvrent c’est qu’il a deux pôles, entre lesquels se déploie un large spectre d’individus dont le développement —lors du processus de différenciation sexuelle de l’embryogenèse—s’est effectué suivant d’infinies variations…  Dans les années 50, Alfred Kinsey (fondateur de la sexologie) disait que l’hétérosexuel 100% hétérosexuel constituait une infime minorité par rapport aux personnes qui, dans leur enfance et leur adolescence, ont découvert la sexualité avec des camarades du même sexe… Les premiers émois… Maintenant, les biologistes disent à peu près la même chose du sexe : il n'est pas "pur". Le mâle 100% est aussi rare que la femelle 100%. En réalité, nous serions tous à hauteur de 10, 20, 30 ou 40% constitué par des marqueurs biologiques de l’autre sexe. Voilà pourquoi il serait temps d’accepter de compter au-delà de deux.

«Il n’existe pas 2 sexes (mâle et femelle) mais 48», explique Eric Macé. C’est à dire le sexe mâle, le sexe femelle et 46 autres sexes correspondant aux variables répertoriées par la médecine. «Le nombre de 46 est approximatif, tout dépend ce que l'on compte et comment l'on compte. Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'au sens biologique ce que l'on désigne par le "sexe" est le produit d'une sexuation du corps au cours de l'embryogenèse, qui associe de nombreux mécanismes chromosomiques et hormonaux et qui a pour effet la production de nombreux types de sexe : des sexes entièrement mâle, des sexes entièrement femelle et des sexes à la fois mâle et femelle (entre 0,8 et 2% des naissances). On peut résumer ainsi : il existe 2 + X sexes. Si on compte les 5 grandes familles d'intersexuation (classification des "Disorders of Sex Developement" - DSD), cela fait 2 + 5 = 7 sexes ; si on compte les sous-catégories cela fait 2 + 10 = 12 sexes ; et si on compte les variantes, cela peut monter à beaucoup plus, disons 2 + 46 = 48 sexes». Mais, bien sûr, ce n'est qu'une classification temporaire. Demain, les chiffres auront probablement augmenté parce qu'à travers le monde des centaines de chercheur ont le nez collé sur des scans de cerveaux et des échantillons de glande, obsédés par l'idée qu'il faut comprendre pourquoi les hommes et les femmes semblent si proches quoique si lointains.

Lire : «Comprendre les relations entre sexe et genre à partir de l’intersexuation : la nature et la médicalisation en question», par Eric Macé, dans Médecine, santé et sciences humaines, dirigé par Jean-Marc Mouillie, Céline Lefève  et Laurent Visier, Paris, Les Belles Lettres, 2011, (612-619).
Et aussi : Le Test de féminité dans les compétitions sportives Une histoire classée X ?, d'Anais Bohuon, éd. IXe, 2012.
Lire en complément : Mâle, femelle et sexe douteux. Ainsi que la première partie de ce dossier : Intersexe : un corps peut en cacher une paire

Et pour en savoir plus sur pourquoi biologiquement c'est moins évident qu'il ne parait de séparer les mâles des femelles : Anne Fausto Sterling, biologiste, a publié (en 2000 en Anglais) "Les 5 sexes" (traduit en Français chez Payot) et "Corps en tous genres; la dualité des sexes à l'épreuve de la science".

Note 1/ «Les onze autres finalistes ont un morphotype féminin de coureuse de 800 mètres, elles ont des épaules étroites, on voit leurs clavicules, elles ont un bassin un peu plus large [...]. En revanche, quand la Sud-Africaine court, elle a des épaules de déménageur, un bassin étroit....D’ailleurs, ça c’est vraiment anecdotique, mais si on a regardé la finale du 800 mètres on a pu voir que onze athlètes avaient une culotte et une seule avait un bermuda» (Mondenard, sur Europe 1, le 20 août 2009, cité par Anais Bohuon, dans son ouvrage Le Test de féminité dans les compétitions sportives Une histoire classée X ?, éd. IXe).

Note 2/Pour en savoir plus : Anais Bohuon, dans son ouvrage Le Test de féminité dans les compétitions sportives Une histoire classée X ?, éd. IXe).

Note 3/ Lorsqu'en 1966 la Fédération Internationale d'Athlétisme instaure le test de féminité (afin d'éviter que des trans infiltrent frauduleusement les compétitions réservées aux dames), elle met en place un système de contrôle qui a tout l'air d'être un cordon de sécurité. Les athlètes femmes sont priées de ne pas avoir un taux de testostérone qui concurencerait celui des hommes. Autrement dit : "Restez des femmes normales et laissez-nous être des surhommes". 

Note 4/ Source : "Clinique de l’ambiguïté génitale chez l’enfant", Psychothérapies 2005/3, Vol. 25, p. 165-172.

Note 5/ On le savait depuis au moins le début du 20e siècle. Freud lui-même, pourtant si regardant en matière de normes, l’énonçait déjà en 1905 :  «Un certain degré d’hermaphrodisme anatomique appartient en effet à la norme ; chez tout individu mâle ou femelle normalement constitué, on trouve des vestiges de l’appareil de l’autre sexe, qui, privés de toute fonction, subsistent en tant qu’organes rudimentaires ou qui ont même été transformés pour assumer d’autres fonctions».

Note 6/ «L’histoire du test de féminité est celle d’une procédure inventée pour justifier des exclusions, sans que jamais les autorités médicales et sportives interrogent le bien-fondé des représentations de la féminité. Aujourd’hui, elles sont directement confrontées aux problèmes que soulève la bicatégorisation sexuée, problèmes qu’elles avaient, jusqu’à aujourd’hui, pu évacuer. Il n’est plus plus possible, désormais, d’étouffer ces affaires. Le grand public est informé et la question est posée publiquement : que faire des athlètes ne répondant pas aux normes traditionnelles qui président à la stricte répartition des êtres humains entre deux groupes de sexe ? Peut-on se contenter de les proscrire des arènes sportives ?». (Anais Bohuon, Le Test de féminité dans les compétitions sportives Une histoire classée X ?).

Photo © Reuters

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Commentaires

Pourquoi ne pas simplement faire concourir tout le monde en même temps, sans distinction. Et que le meilleur gagne.

le meilleur ou la meilleur d'ailleur. bref l'être humain, quel qu'il soit, le plus performant de son domaine.
rhaa !! le il et le elle m'handicape dans cette formulation :)

Bonjour,
Pouvez-vous m'expliquer pourquoi: "Le mâle 100% est aussi rare que la femelle 100%. En réalité, nous serions tous à hauteur de 10, 20, 30 ou 40% constitués par des marqueurs biologiques de l’autre sexe." Suivi par la citation d'Eric Macé: "[...] des sexes entièrement mâle, des sexes entièrement femelle et des sexes à la fois mâle et femelle (entre 0,8 et 2% des naissances)". Salutations.

"Lorsqu'en 1966 la Fédération Internationale d'Athlétisme instaure le test de féminité (afin d'éviter que des trans infiltrent frauduleusement les compétitions réservées aux dames), elle met en place un système de contrôle qui a tout l'air d'être un cordon de sécurité. Les athlètes femmes sont priées de ne pas avoir un taux de testostérone qui concurencerait celui des hommes. Autrement dit : "Restez des femmes normales et laissez-nous être des surhommes"."

"Restez des femmes normales et laissez-nous être des surhommes"."
Je trouve cette conclusion assez idiote. Il s'agit tout simplement de ne pas enlever toute chance de gagner à une autre concurrente qui ne disposerait pas d'un taux de testostérone si élevé. Les athlètes femmes courent moins vite que les hommes. Les chronos sont là pour le prouver.

Bonjour,

l’embryogenèse du génital est comme celle des os, des muscles, du tube neural et du reste. La langue, les poumons, la rate, le cœur et l'estomac. Les pieds ou les lèvres.

Le génital est peut-être prépondérant dans l'organisation de toute société. Bien avant l'économie.

Une éducation sexuelle ?

Quelque chose ?

Tout est laissé à la pornographie pour 100 000 000 000 de dollars par an au niveau mondial et la solitude des individus se massifie, noyée quelle est dans la télématique.

Mâle-/Femelle ?

Les organes ?

C'est pour ça que de vieux débris tordus aux corps sans vie mettent au point l'utérus artificiel. Pour avoir l'impression de.

L'époque du nous pouvons l'faire alors allonzi.
Et ça ne date pas d'hier.

Chez les mammifère, à maturité sexuelle, le mâle émet un très grand nombre de cellules en forme de têtards produites a des quantités quasi astronomique. Chez les femelles, les cellules sont beaucoup beaucoup moins nombreuses, à taille humaine si l'on peut dire, et sont présentes depuis le début de la vie aquatique de tout mammifère. En biologie, que dit l'étude de population % sur les mammifères, dont nous sommes. Seront ?

Alors, bizarrement, les conservateurs iront plus vers une écologie de la génitalité, au sens "bio" du terme, au sens d'une économie sexuelle... Les réactionnaires feront comme à leur habitude, ils réprimeront la sexualité pour d'autres fins irrationelles. Et les progressistes vers la machinisation de la génitalité à l'aide d'utérus artificiels et de la fécondation In-Vitro. Et la possibilité pour une femelle d’émettre son propre sperme, ce qui doit-être une espèce de Graal sexo-techno. Un homme a donné naissance ou ça ne va pas tarder. Si bien que, tout étant inversé mais quand même bien en place, la constante tragique est que la tyrannie fut, est et sera toujours du côté de la machine qui domine sur le destin de l'homme en tant qu'espèce. Le tragique est que seule une machine peut combattre une autre machine. Et la seule chose qui, peut-être, j'en sais rien, c'est un pari, peut donner une lumière au sombre tableau, c'est que l'homme habite dans l'espace. Que les dirigeants aillent en nombre en nombre sa planète, en fusée ou en ascenseur. En tout cas, ça ne peut pas faire de mal.

Il y en a beaucoup des éclopés. Ils ne réclament pas des louanges sur ce qu'ils sont. La fille du stade, qui fait des scores de filles, et qui continue toujours de courir avec les filles. C'est comme t'en as une elle est rouquine. T'as vu il a un bec de lièvre. Oh la tête qu'il a.

Message à carac...

http://www.webaccessibilite.fr/les-chiffres-du-handicap-en-France-2009-08-17.php#per

Les déficiences motrices concernent environ 2 300 000 personnes.
Parmi ces personnes, la déficience motrice est isolée ou prédominante pour environ 850 000 d’entre elles : 1,5 % de la population générale est ainsi considérée
« handicapé moteur ».

Environ 700 000 personnes souffrent de handicaps intellectuels (difficultés de l’apprentissage, du langage, ou retards mentaux).

Pour le flemmard ça fait 22% de la population en tout. Coupez si ça vous amuse.

Bonjour.

Déjà que la recherche de sa "moitié" n'est pas de la tarte, s'il faut maintenant compléter d'autres fractions !

Le problème restera pourtant toujours, comme le dit Oscar Wilde " Être un couple c'est ne faire qu'un, oui, mais lequel ?"

Le sport de compétition n'est finalement pas totalement inutile.

Nos sociétés démocratiques sont fondées (pour l'instant) sur le primat de la majorité et le respect des minorités; Il est intéressant de constater comment à partir de combinaisons chromosomiques scientifiquement irréfutables mais statistiquement exceptionnelles, un certain nombre d'idéologues essaient d'inverser ce principe au profit des minorités. Caricaturalement, on aboutit à la théorie du genre qui efface masculinité et féminité (ou inversement aurait dit Pierre Dac). On sait depuis Korzybski et la sémantique générale que le mot n'est pas la chose et que l'identification crée la névrose.
Dans combien de temps parviendrons-nous au "Monde des A" pour vivre enfin ce paradis fusionnel où le sexe et le cerveau confondus sémantiquement n'auront d'autres fonction que celui du plaisir physique, la reproduction se faisant en pipettes?

Bonjour,
Quelle est la différence entre le « sexe chromosomique » et le « sexe génétique » ? Cela sous-entend-il que le génome spécifie également le genre ?

Article très intéressant, merci.

Du coup cela me donne envie de jeter des éléments peut-être nouveaux sur votre table de travail. Vous connaissez sans doute beaucoup de choses concernant la sexualité à l'époque médiévale et renaissante, dont la question de l'hermaphroditisme mais peut-être pas ce que tout cela devient dans un bain d'acide alchimique, où la sexualité (pour des raisons complexes) est largement présente. Si cela vous intéresse voyez p. ex. cet article: Leah DeVun, "The Jesus Hermaphrodite: Science and Sex Difference in Premodern Europe", The Journal of the History of Ideas 69 (2008).

Alors comment faire concourir séparément athlètes hommes et femmes, puisque la meilleure femme sera loin derrière les meilleurs hommes (une centaine de places au classement ATP par exemple au tennis) ?

Voilà qui reprend un peu les thèses exposées par Martine Rothblatt dans le livre "L'apartheid des sexes - un manifeste pour la liberté de genre"... C'est intéressant.

Le coup de "il y a 48 sexes", ça fait vraiment propos de vieux radoteur qui ressort inlassablement la même histoire pour amuser ses petits-enfants.

Il y a deux sexes, et puis des exceptions. Après, ce que la société en fait, c'est une autre affaire. Ce n'est pas en torturant les définitions et la génétique qu'on rendra plus facile la vie des gens qui ne sont pas dans le moule.

@lecteurassidue Si tout le monde concourt ensemble, mettons, au 100m, aucune femme ne le gagnera. Et les femmes crieront à l'injustice et réclameront une compétition à elles. Et on sera revenu à la case départ.

En fait, il faut conserver des catégories mais les appliquer intelligemment. Caster Semenya a essuyé les plâtres, maintenant on peut prévoir des règlements sportifs du style "s'il s'avérait après la course que la gagnante a trop de caractéristiques masculines et que sa performance ne pourra plus être égalée pendant des années, on la déclarera gagnante et elle touchera la récompense et les honneurs, mais c'est la seconde qui sera inscrite aux records mondiaux pour que ceux-ci puissent encore être battus". Ou d'autres adaptations individuelles qui préservent à la fois la dignité des sportives et l'utilité des institutions.


À part ça, géniale, la transsexualisation du pseudo.

Exception mise à part (qui sont des défauts en termes génétique, dans le sens de non relatifs à la norme), il n'existe physiologiquement que 2 sexes. Preuve en est que la reproduction nécessite l'intervention exclusive des 2 sexes (au sens génétique), et non un pourcentage quelconque de chaque.

Oui il y a des différences génétiques fondamentales et exclusives entre un homme et une femme, oui certaines caractéristiques sont propres aux hommes, d'autres aux femmes. Il est à mon avis dangereux de théoriser en ignorant ou en feintant d'ignorer cela. Il n'est ni normal ni naturel d'être hermaphrodite, homosexuel, sadomasochiste, incestueux, pédophile même s'il est normal d'accepter dans une société ce qui dévie de la norme. Il n'est pas dangereux de dévier de la norme, mais il est dangereux que la déviance soit accepter comme norme. Dans le règne animal, aucune espèce ne fait normes de ce qui ne l'est pas.

Ensuite, c'est pas parce que ça a toujours été comme ça que ça n'a plus lieu d'être sous pretexte de modernité. C'est pas pour rien si ça a toujours était comme ça et que ça marche. Enfin les comportements déviants (je n'ai pas d'autre terme et je reconnais que celui-ci est sociologiquement péjoratif) se retrouvent souvent dans des minorités bourgeoises, d'élite ou proches du pouvoir, ce qui forcément les discréditent auprès du peuple.

Acceptons les hermaphrodites, les homosexuels, ... avec leurs différences, mais ne les forçons pas à être normaux, certains revendiquant en plus cette différence.

Un peu facile tout ça. La différenciation des genres, s'est toujours faite sur le rapport porteur de l'enfant / pas porteur de l'enfant. Même si la nature est plus complexe il est logique que l'homme se soit d'abord regardé le nombril avant de s'intéresser à ces différences. Le cas de l'athlète cité ne peut être qualifié de "normal" mais si elle ne se dope pas, aucune raison qu'elle ne participe pas aux épreuves féminines. Critiquer, ici, la différenciation des sexes va, dans ce cas, faire le jeu des pays qui refusent à leurs femmes l'égalité de droit, pour soi disant sauver un ordre moral supérieur à toute considération d'éducation.

On notera la belle hyppocrysie des scientifiques du moment qui nous parlent de "Disorder of Sex Development" (Trouble du dev. sexuel), ce qui implique donc un developpement sexuel 'scientifiquement' normal (voire autorisé).
On saura que les mentalités ont changées lorsque le terme "DSD" aura lui même été modifié ... et, vu le conservatisme du milieu, c'est pas demain la veille. Petit homme singe n'aime pas qu'on dérange ses illusions, et encore moins ses croyances.
Il existe qques solutions pourtants simples :
- liberté de chacun dans le choix de son propre prénom
- création et autorisation de prénoms asexués.
- suppression des caractéristiques sexuelles sur les cartes d'identités, donc indifférenciation totale des citoyens, ou liberté donnée à chacun de pouvoir en changer autant de fois qu'il le souhaite.
Ce jour là, on saura que notre société a un peu évolué.

A voir le très beau film de Lucia Puenzo : XXY. Ils parlent très bien des intersexes.

Euh, nous vivons dans une société composée d'individus qui se réfèrent à des normes alors qu'ils sont tous très différents, ce qui ne favorise aucunement l'échange mais facilite la compétition, parce que finalement, le modèle c'est ça.

De toute façon, lorsqu'on veut refuser un quelconque gain à quiconque, on cherche la petite bite, on s'acharne sur des détails jusqu'alors sans importance.

J'ai raison, je le sais.

bonjour, j'ai écouté un podcast sur le troisième sexe qui m'a vraiment plu.

Le corps (4/4) : « Le troisième sexe »
sur le lien
http://bit.ly/1axPXYm

merci pour l'article

Thierry merci pour le lien sur France Culture, émission très intéressante et riche en témoignages.

Voilà qui donne à réfléchir sur le fondement arbitraire de la ségrégation dans la compétition sportive. Parce qu'on en revient à une politique de ségrégation, finalement : les considérations sociales, maladroitement justifiées par quelques caractéristiques physiques somme toute mineures, prennent le dessus sur le bon sens.

La compétition sportive n'est-elle pas aussi révélatrice du malaise de notre civilisation, toujours attirée pas le "plus" et l'élévation de l'individu au détriment du groupe ?

antoine:
"Il n'est ni normal ni naturel d'être hermaphrodite, homosexuel, sadomasochiste, incestueux, pédophile même"

Vous êtes sérieux? C'est quoi ce mélange?
Donc une personne intersexuée, (on ne dit plus trop hermaphrodite je crois) qui n'a rien changé, pour vous c'est pas un être humain 'naturel'.. A quel moment on 'devient naturel'? Vous êtes choquant, et je vous précise qu'on ne choisit pas d'être homo, pour le reste c'est tellement absurde que je n'ose pas en parler.. A-t-il vraiment lu l'article?..

"si ça a toujours était comme ça et que ça marche."
Faute!

"Enfin les comportements déviants (..) se retrouvent souvent dans des minorités bourgeoises, d'élite ou proches du pouvoir, ce qui forcément les discréditent auprès du peuple."

N'importe quoi il y a des homos dans toutes les classes sociales

Préjugés!
C'est vraiment plus complexe que ça!

vous n'êtes pas assez renseigné ni objectif pour publier sur le sujet!

sur cette question, lire aussi le livre de Karine Espineira, Maud Yeuse Thomas, Arnaud Alessandrin, La transyclopédie, publié en 2012 aux éditions Des ailes sur un tracteur

Super article qui fait bien le point sur l'état de la question. L'idée d'un continuum met des mots sur ce que j'ai tjs ressenti de manière intuitive.

J'adore votre passage, bien poilant sur "le problème, c’est que plus la science avance et plus les chercheurs tombent des nues". On peut le compléter par la lecture d'un article à intention scientifique (blog Le Monde), qui s'attarde aujourd'hui sur une étude concernant l'âge des partenaires sexuels et conjugaux recherchés par les hommes et les femmes. L'auteur - phénotype mâle - écrit dans son article : "Le résultat en est très surprenant : une femme a, selon cette analyse, cinq fois plus de chances de montrer un intérêt pour un homme de cinq ans plus jeune qu’elle que pour un homme de cinq ans plus âgé".

Non, les femmes ne brûlent pas du désir de coucher avec des vieux, pas plus que de torcher les enfants. Non, les femmes ne sont pas plus charitables que les hommes. Ni plus délicates et sensibles. Ni plus morales.

Dingue !

Ah oui, là VRAIMENT, il y a de quoi tomber des nues.

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