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Cholestérol : comment terroriser les utilisatrices de pilule...
... et faire le jeu d’un commerce très lucratif visant la population entière ! - par Martin WInckler
Article du 4 octobre 2006
Parmi les questions concernant la contraception, les trois principales inquiétudes des utilisatrices sont 1° l’incidence des méthodes sur la fécondité, 2° les interactions entre pilule et tabac,
et 3° les risques d’une élévation du cholestérol. Le malheur sanitaire
de notre pays réside en partie dans le fait que beaucoup de ses médecins
(peut-être la majorité) ne mettent pas leurs connaissances à jour et
n’ont aucun sens critique à l’égard l’industrie. C’est particulièrement
vrai dans le domaine de la contraception. Tant pour ce qui est des
méthodes - trop souvent refusées - que des contraintes trop souvent
imposées à des femmes qui sont le plus souvent parfaitement capables de
s’assumer et en parfaite santé.
Lorsque, à l’ignorance en matière de
contraception, s’ajoute la crédulité en matière de maladies
cardio-vasculaires, le résultat est effrayant.
L’article rédigé par Bruno Schnebert, cardiologue ("Cholestérol : en avoir ou pas"),
et celui-ci, plus particulièrement adressé aux utilisatrices de pilule,
sont destinés à donner à tous et à toutes de quoi faire face au
terrorisme médical ambiant.
Martin Winckler
Lire l’article de Bruno Schnebert : "Le Cholestérol : en avoir ou pas ?"
L’une des aberrations de la prescription
de contraception en France est l’attachement névrotique des médecins
français aux « bilans biologiques systématiques » et en
particulier au dosage du cholestérol avant toute prescription de
pilule.
Je l’ai détaillé dans un autre article sur ce sitemais je vais le répéter ici : pour prescrire une pilule contraceptive avant 35 ans, un médecin n’a besoin que de deux informations :
connaître
l’existence d’antécédents de phlébite (caillot dans une jambe) chez
l’utilisatrice ou chez ses proches parents ;
prendre la tension artérielle de l’utilisatrice de pilule.
Faut-il, pour prendre la pilule, se faire doser la glycémie et le cholestérol ?
Non, non, non et non ! ! !
Ce n’est pas moi qui le dis, c’est la communauté scientifique internationale, au vu des connaissances scientifiques actuelles.
Ainsi, l’OMS publie régulièrement un
document (remis à jour cette année) intitulé « Critères de
recevabilité pour l’adoption et l’utilisation continue de méthodes
contraceptives ».
Ce document ne contient pas une seule fois le mot « cholestérol ».
Télécharger le document de l’OMS
Sous le terme « hyperlipidémie
avérée » (élévation anormale des lipides sanguins, - situation rare
chez les femmes à l’âge où elles prennent la pilule, et qui ne concerne
que les membres de certaines familles porteuses de ce type de maladie),
le document indique :
« Il n’est pas
opportun de procéder à un dépistage systématique compte tenu de la
rareté de cette pathologie et du coût élevé du dépistage. »
Autrement dit : en dehors des cas (rares) d’hyperlipidémie familiale, le dosage des lipides est inutile.
(Lire l’article de Bruno Schnebert : "Le Cholestérol : en avoir ou pas ?")
Facteurs de risque cardiovasculaires : ils sont rares chez les utilisatrices de pilule !!!
En Angleterre, on ne fait pas de bilan
lipidique systématique chez les femmes jeunes sans facteur de risque
utilisant la pilule : le cholestérol est considéré comme étant sans
intérêt dans cette situation.
En France, malheureusement, il est dosé
de manière quasi-systématique par beaucoup de médecins. (On se demande à
qui ça profite de doser le Cholestérol Total comme ça... Je l’ai déjà
dit ? Oui, parce que ça profite à beaucoup de gens...)
Or, l’élément le plus important à retenir est celui-ci :
si vous n’avez aucun des facteurs de risques
cardio-vasculaires énoncés ci-dessous, il est inutile de faire doser
votre cholestérol !
Rappelons les facteurs de risques
cardiovasculaires tels qu’ils ont été énoncé par l’AFSSAPS (Agence
française de sécurité sanitaire des produits de santé) en 2005 :
être un homme de plus de 50 ans, ou une femme de plus de 60 ans,
compter un antécédent de maladie coronaire
(angine de poitrine, infarctus du myocarde) précoce chez un parent du
premier degré (homme de moins de 55 ans, femme de moins de 65 ans),
fumer ou avoir arrêté de fumer depuis moins de 3 ans,
souffrir d’une hypertension artérielle (traitée ou non)
souffrir d’un diabète de type 2 (traité ou non) = c’est à dire le diabète qui ne nécessite pas l’administration d’insuline
avoir un « bon cholestérol » HDL inférieur à 0.40 g/l(quel que soir le sexe),
Si le bon cholestérol HDL est supérieur à 0.60 g/l, (facteur protecteur) on compte un facteur de risque en moins.
Ainsi, si vous êtes une femme de moins de 50 ans, si vous ne fumez pas et si vous n’avez aucun autre FdR, doser le Cholestérol Total n’a aucun intérêt, que vous preniez la pilule ou non ! ! ! Autrement dit, en l’absence de facteurs de risque, encore une fois, inutile de faire un bilan lipidique.
Si vous avez UN facteur de risque (le
tabac, par exemple) et si votre médecin vous a demandé simplement le
cholestérol total, cette valeur est à elle seule
ininterprétable ! ! ! Faites-vous prescrire un bilan
lipidique complet (voir l’article de Bruno Schnebert) pour calculer le LDL.
Si le LDL ("mauvais" cholestérol) est inférieur aux normes, vous êtes en droit de dire à votre médecin de vous foutre la paix.
Mais comme vous l’avez déjà probablement
vu en lisant la liste des facteurs de risque, il aurait déjà pu se
passer de doser votre cholestérol !!!
(Lire l’article de Bruno Schnebert : "Le Cholestérol : en avoir ou pas ?")
Mon médecin m’a
fait faire un dosage de cholestérol avant et après la pilule, et mon
cholestérol a monté ! Que dois-je faire ?
Si vous n’avez pas de facteur de risque : NE FAITES RIEN !!! (Et surtout, n’arrêtez pas votre pilule.)
En France, on continue à doser les
lipides sanguins chez les utilisatrices de pilule. Pour le profit des
laboratoires d’analyse, et avec des effets désastreux sur les
utilisatrices de pilule. En effet, nombre de femmes se voient refuser
une prescription de pilule parce que « leur cholestérol a
monté ».
Or, il est normal que le cholestérol monte quand on prend la pilule :
le cholestérol est une substance qui sert au transport des médicaments
dans le sang. Le cholestérol HDL (le "bon" cholestérol) s’élève un peu
quand on prend des hormones, parce que sinon, les hormones en question
ne seraient pas transportées ! Une élévation du cholestérol sous
pilule n’a donc pas de signification inquiétante, et elle n’a aucune
incidence sur la santé des femmes qui, pour la plupart, à l’âge où elles
prennent la pilule, n’ont aucun facteur de risque vasculaire ! ! !
Si j’ai plusieurs facteurs de risque cardio-vasculaires, est-ce que je dois changer de pilule ?
Si vous avez plus de 35 ans ET si vous
fumez OU si vous avez un autre facteur de risque (Hypertension,
antécédent familial d’accident cardiaque avant 60 ans), alors il est
préférable que vous cessiez de prendre une pilule combinée (les pilules
combinées sont celles qui contiennent de l’éthynil-estradiol - c’est
marqué sur la boîte) et que utilisiez une contraception sans
estrogène :
DIU (hormonal ou au cuivre)
Implant progestatif
Contraception progestative
Autant dire que vous n’êtes pas démunies...
Je n’ai aucun
facteur de risque, mais mon médecin m’a tout de même fait doser le
cholestérol et, comme il lui paraît trop élevé, il ne veut plus me
prescrire ma pilule. Que dois-je faire ?
1°
Lui demander de vous prescrire une pilule sans estrogènes ou un
implant, ou un DIU (pour ne pas rester sans contraception).
2° lui faire lire cet article et l’article de Bruno Schnebert. Pour qu’il ne meure pas idiot.
3°
s’il ne revient pas sur sa décision, changez de médecin. Un praticien
qui ne veut pas réévaluer sa pratique au vu des connaissances
scientifiques internationales ne mérite pas votre confiance
(Lire l’article de Bruno Schnebert : "Le Cholestérol : en avoir ou pas ?")
Pourquoi les médecins français sont-ils obsédés par le cholestérol ?
Parce que l’ignorance des médecins
français (et la peur des citoyens) est soigneusement entretenue par
l’industrie pharmaceutique, pour laquelle la prise de médicaments contre
le cholestérol par un maximum de personnes est une rente juteuse.
Faire prendre un médicament contre le
cholestérol à des gens qui n’en ont pas besoin (et qui vivront donc très
longtemps), c’est en effet très, très rentable.
Je vous invite à lire, sur le sujet, Les inventeurs de maladies de Jörg Blech (Actes Sud, 2005), duquel j’extrais ce passage :
« Une étude
exhaustive effectuée en Bavière sur cent mille individus a fourni une
valeur [du cholestérol] de 260 mg/dl. Or, en 1990, l’Action nationale
contre le cholestérol, une association d’intérêts privés regroupant
treize professeurs de médecine, proposait une valeur limite de 200 mg/dl
et parvenait même à faire accepter celle-ci. Les médecins de l’Action
contre le cholestérol représentaient des groupes de pression, dont la
Ligue allemande de lutte contre l’hypertension, proche de l’industrie,
la « Ligue lipide » ou la Société allemande de biologie
médicale. Dans un « document stratégique » ils exigeaient un
élargissement radical du diagnostic, arguant que « tout médecin
devrait connaître le taux de cholestérol de son patient ».
Par le décret de médecins aux dents
longues, la majorité des Allemands est ainsi devenue une population à
risque. Dans le groupe des 30 à 39 ans, 68% des hommes et 56 % des
femmes présentent, d’après la valeur limite arbitraire, un taux de
cholestérol pathologiquement élevé. Chez les sujets de 50 à 59 ans, ce
sont 84% des hommes de 93% des femmes qui sont touchés.
La conséquence de
telles valeurs limites frise l’absurdité : les patients déclarés à
risque se sentent en effet en pleine forme et en bonne santé. Et s’ils
souffrent de quelque chose, alors ce n’est que de la découverte de leur
« maladie »...
Cette « stratégie » dénoncée par Jörg Blech, Christian Lehmann la décrit lui aussi très bien dans Patients si vous saviez...
(Ed. Laffont, 2003), où il raconte en particulier les ravages que fit,
il y a quelques années, la mise sur le marché d’un médicament contre le
cholestérol, la cérivastatine, prescrit à des centaines de milliers de
personnes qui n’en avaient pas besoin ! ! !
C’est cette même stratégie qui a poussé
l’ARCOL (association qui ressemble comme une sœur à « l’Action
nationale contre le cholestérol » décrite par Jörg Blech) à lancer
une campagne d’information terroriste sans précédent sur les antennes
télévisées françaises. Lire la chronique que j’ai consacrée à ce sujet sur France Inter
Sur la « campagne d’information » de l’ARCOL, consultez ce lien.
Aujourd’hui, en
France, le « cholestérol », faux problème de santé publique
est en réalité un créneau commercial très lucratif.
Qui, en effet, bénéficie du terrorisme autour du cholestérol ?
les médecins peu scrupuleux, qui font faire des « bilans lipidiques » à tire-larigot
les laboratoires d’analyses médicales (qui dosent les bilans en question)
les fabriquants de machines de dosage biologique
l’industrie pharmaceutique qui fabrique des médicaments pour faire baisser le cholestérol des bien-portants
l’industrie
agro-alimentaire, qui multiplie à qui mieux mieux les produits
« allégés », sans cholestérol ou bourrés d’oméga-trois...
On pouvait ainsi lire, ces jours-ci l’information suivante dans une dépêche de l’AFP.
Le député (PS) de
Loire-Atlantique, Claude Evin, a demandé, vendredi, au ministre de la
Santé de "faire cesser les publicités" concernant la réduction de
cotisation santé par la mutuelle Maaf contre l’achat de produits
anti-cholestérol de la marque Proactiv (groupe Unilever).
La mutuelle Maaf Assurances a annoncé le
29 novembre qu’elle comptait rembourser jusqu’à 40 euros par an, sous
forme d’une réduction de la cotisation d’assurance complémentaire santé,
les produits présentés comme ayant des propriétés anti-cholestérol de
marque Proactiv, appartenant au géant néerlandais Unilever.
"Récemment pointés
du doigt pour les problèmes nutritionnels posés par leurs produits de
grande consommation, les industriels de l’agroalimentaire réagissent en
se lançant dans le marketing santé", estime M. Evin dans un
communiqué.
Quand un cholestérol trop élevé est-il vraiment « dangereux » ?
Rarement ! L’article très précis
rédigé par Bruno Schnebert, cardiologue de famille, et publié sur ce
site vous indiquera exactement quand. Comme vous le verrez en le lisant,
les personnes « menacées » ne sont quasiment JAMAIS les
femmes qui utilisent la pilule... Et très peu de personnes, en pratique
sont concernées par l’élévation du cholestérol.
Car lorsqu’on ne présente aucun facteur de risque (ce qui est le cas de la plus grande partie de la population) il est inutile de faire baisser le cholestérol, et même inutile de subir une prise de sang pour le mesurer ! ! !
Cet article de Bruno Schnebert,
celui-ci et les documents qui l’accompagnent, je vous invite à les
imprimer et à les faire lire à vos amis et à vos médecins. Ils
contiennent les références scientifiques indispensables qui permettront
de cesser d’avoir peur des lipides... et de terroriser la population
avec des dosages de cholestérol coûteux et inutiles.
Ces informations, il nous appartient, à tous, de les diffuser largement.
Car la première manipulation que nous subissons, c’est le silence.
Martin Winckler
Lire l’article sur les relations entre contraception et fécondité
Lire l’article sur pilule et tabac
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