Parfois,
l’intérieur du cerveau des gens me tue. Figurez-vous que j’ai été
interpelée par un homme souhaitant me faire part de ses opinions très
tranchées au sujet des sextoys. Comme je suis bonne fille et pas
égoïste, je prends la plume pour partager ma consternation devant la
condescendance et l’ignorance de certains spécimens de Mâles Alpha.
Un beau soir de décembre, sur Twitter, alors que nous devisions entre amis, autour de choses sexuelles (nous parlions notamment du concept de puissance sexuelle masculine), la conversation a dérivé sur les sextoys. Nous n’étions pas du tout dans une polémique « pour ou contre ». Nous évoquions simplement les sextoys en les prenant pour ce qu’ils sont : des objets qui font jouir. Aucune prise de position offensive, rien de prosélyte, et bien sûr aucune mise en rivalité du pénis et du sextoy.
C’est alors qu’un charmant monsieur nous lança au vol cette superbe affirmation : « Les sextoys sont des escroqueries néo-libérales achevant de faire des femmes les esclaves du pénis ».
Ouah. Ca c’est de la sentence absolue dis-donc. Je veux dire, y a du lourd dans cette phrase sublime. Oui, je sais, je suis un peu simplette et je n’ai pas l’habitude de l’humour et du second degré (attention, humour et second degré dans cette phrase). J’ai donc bien conscience de ne pas faire le poids, intellectuellement, face à de vrais cerveaux qui habitent à la Ville.
Par conséquent, j’ai répondu de façon spontanée, voire primesautière. Entre autres choses, j’ai dit que les sextoys sont destinés à procurer un orgasme, ni plus ni moins. J’ai également dit que les sextoys les plus efficaces ne sont pas forcément phalliques (ils peuvent l’être, on est bien d’accord : mais le galet vibrant qui illustre l’article, il a l’air phallique, du genre à rendre une femme esclave du pénis ? Et le rabbit sans les oreilles sur le clito, ce ne serait pas forcément aussi bien, non ?), et que la pénétration, comment dire, euh… Enfin ce n’est pas la voie la plus courte vers l’orgasme. De fait, un grand nombre d’études ont mis en évidence que lors de la masturbation, les femmes sont plutôt rares à éprouver le besoin d’être pénétrées pour compléter la stimulation clitoridienne (affirmation à nuancer bien sûr, mais enfin c’est pour dire que l’orgasme qu’on se procure seule ne suppose pas obligatoirement une pénétration vaginale).
Je pensais sincèrement ce que je disais, et je détachais clairement mes propos de toute considération commerciale : mon argumentation se basait sur une réflexion pertinente, sur une bonne connaissance de l’anatomie en général, et de l’anatomie « érotique » en particulier, mais aussi sur des heures de recherche, d’interviews de professionnels, de lectures d’ouvrages sérieux et moins sérieux, bref j’utilisais avec mesure et recul les connaissances acquises dans l’exercice de ma profession. Non, je ne suis pas geisha, je suis journaliste spécialisée en sexo et psycho-sexo (oui, j’ai bien dit journaliste, et ce n’est pas sale).
Mais après m’être fait traiter de « pauvresse instrumentalisée par le con-sumérisme et les importations asiatiques », j’ai éclaté de rire et compris que même en faisant preuve d’intelligence (ça m’arrive parfois, j’aime bien, c’est frais), on ne peut pas lutter contre les grandes certitudes que confèrent les grandes ignorances.
Mais ce court échange – si on peut appeler « échange » le fait de rétorquer des vérités basiques à quelqu’un qui prend les choses de très haut – m’a convaincue de l’utilité de proposer ici une mini-compilation de choses intelligentes qui ont été écrites autour des sextoys.
Enonçons quelques évidences
- Oui, le sextoy représente un business. Avec de l’argent, de la rentabilité, de la pub, des modes. Au même titre que les fringues, les baumes à lèvres hydratants, le cinéma ou la restauration. Pour autant, et même en faisant preuve de discernement face au matraquage commercial, on ne peut nier que s’habiller est bien utile, qu’avoir les lèvres gercées n’est pas très agréable, que voir un bon film peut constituer un moment de détente, de divertissement et/ou de culture, et que savourer un bon repas dans un restaurant n’est jamais déplaisant.
- Le sextoy n’est pas une innovation révolutionnaire qui serait la résultante d’une surenchère propre à notre époque. Et là je me permets de me citer (article paru dans le magazine Sensuelle), parce que ma foi, je me trouve fort pertinente, même un an après :
« Le sextoy a toujours existé. Dans l’Antiquité et jusqu’au Moyen Âge, il était admis, voire encouragé (on a retrouvé des récits de théologiens) que l’on utilise pour se donner du plaisir des objets spécialement destinés à cet usage : les olisbos chez les grecs, puis divers instruments destinés à tempérer les ardeurs des jeunes filles au Moyen Âge afin qu’elles atteignent l’orgasme même en l’absence d’un homme. A la Renaissance, ces objets sont baptisés « Gaude mihi » (« réjouis-moi » en latin, qui deviendra plus tard « godemichés »). Ils sont très à la mode, peuvent se commander sur mesure chez certains artisans et sont plutôt élaborés : on peut même en remplir certains de liquide afin de simuler l’éjaculation…
Au XIXe siècle, l’hystérie féminine était également soignée par des massages du clitoris, pratiqués par les médecins, souvent « assistés » de godemichés. Les raisons médicales de cette pratique écartaient donc tout obstacle moral. Le puritanisme a ensuite posé un voile du pudeur sur l’existence de ces accessoires du plaisir, et c’est à l’avènement des sex shops au tout début des années 70 que le sextoy, marginalisé, déconsidéré, a timidement refait surface, jusqu’au moment où l’accès massif à Internet l’a très clairement démocratisé en tant que compagnon de jeux pour toutes (surtout) et tous (aussi).
Agrémenter sa sexualité d’accessoires ne relève pas d’une démarche de compensation ou d’une insatisfaction dans la vie de couple, ni d’un besoin de concurrencer voire remplacer le pénis, mais simplement de la dimension ludique que l’on met dans l’érotisme. Jouer avec son plaisir est tout à fait naturel, ne témoigne pas d’un besoin de surenchère ni d’un trouble du comportement. Seule, ou en couple, le jeu est l’essence même de l’échange érotique. Et l’essentiel, pour s’épanouir, est de rester en adéquation avec ses propres désirs. Avec ou sans accessoires.
On constate cependant que depuis une dizaine d’années, les sextoys sont médiatisés, à travers différents supports (presse féminine, sites internet, séries télévisées…) ; seul fait notable dans la communication autour de l’objet, il apparaît aujourd’hui démocratisé, parfois chic, souvent luxueux mais toujours ludique. La série « Sex and The City » a largement contribué à une forme d’émancipation autour du sextoy : le fameux Rabbit est devenu emblématique de l’utilisatrice avertie. Objet de plaisir présenté comme quasiment miraculeux, il a été chaleureusement vanté par le personnage de Samantha, qui était folle de son Rabbit… Et c’est ainsi que le Rabbit est devenu l’objet « tendance ».
La communication autour du sextoy lui donne souvent l’apparence d’une mode éphémère n’ayant que des enjeux commerciaux. Le formatage médiatique qui a peu à peu amené la sexualité à être considérée comme partie intégrante d’une succession de « tendances » (on a eu droit à la « mode » de l’échangisme, suivie de la « mode » de la bisexualité par exemple) a débordé sur le sextoy. Néanmoins, le rejet ou l’intérêt éprouvé pour ces accessoires ne devrait pas dépendre d’une influence publicitaire ou médiatique. »
Voilà, ça c’est ce que j’en disais dans l’article. Et sans vouloir donner l’impression de me kiffer à outrance, je trouve ça plutôt bien vu.
- Le sextoy ne provoque pas de troubles addictifs. Comme le dit très justement Alain Héril : « L’addiction est une pathologie. Or, ce n’est pas le sextoy qui va créer la pathologie mais l’organisation psychique défaillante de la personne. » (Alain héril, I love you).
- Le sextoy est un objet qui provoque mécaniquement un orgasme. Ce n’est pas un/e partenaire, ce n’est pas un confident, ce n’est pas une menace pour le couple, ce n’est pas un asservissement : c’est juste un objet qui fait jouir. Le sextoy sert à se procurer du plaisir, et se procurer du plaisir n’a rien de répréhensible ni de préjudiciable. Avec ou sans objet, se faire jouir ne rend pas esclave de quoi que ce soit. Le sextoy peut être un objet vibrant, mais dans l’absolu ça peut être un bout de tissu, une façon particulière d’utiliser un rebord de chaise, un oreiller, bref l’accessoire utilisé pour atteindre l’orgasme est en fait toujours un sextoy.
- Les vibrations sur le clitoris, ça provoque vraiment un orgasme. Et l’orgasme, mmm, c’est bon.
- L’orgasme provoqué par le sextoy ne donne pas envie de quitter son/sa partenaire. Ca ne détourne pas non plus de la sexualité non vibrante. Ce n’est pas mieux. Ce n’est pas moins bien. C’est différent, et ce n’est pas un péché. On a le droit de se faire jouir comme on veut.
- Le sextoy peut être utilisé à deux. Ou à trois. Voire plus si l’alignement des planètes est favorable.
- Une femme qui possède un sextoy et qui se fait jouir avec n’est pas une pauvresse instrumentalisée. C’est une pauvresse instrumentalisée si elle en achète alors qu’elle n’a pas envie d’en utiliser. C’est une pauvresse instrumentalisée si elle en achète pour faire comme tout le monde, mais qu’elle n’en voulait pas vraiment. Mais à partir du moment où elle en achète un « pour goûter », et qu’elle apprécie la chose parce qu’elle se procure des orgasmes avec l’objet en question, c’est simplement une femme qui se fait plaisir. Et se faire plaisir, c’est en soi une preuve de pertinence et de bienveillance vis-à-vis de soi-même. Une autre preuve de pertinence est de ne pas se forcer si on n’aime pas ça.
- Etre pour ou contre le sextoy est aussi vain que d’être pour ou contre les brocolis. Et en terme de plaisir sexuel, prétendre que l’utilisation d’un sextoy rend la femme esclave du pénis constitue au final une affirmation qui est elle-même liberticide : car rien ne nous prive plus de notre liberté que de voir les conditions et moyens de notre accès au plaisir définis, analysés et condamnés par autrui.
Pour conclure, je vous invite à lire l’excellent article de Titiou Lecoq sur Arte.tv : « Les sextoys, un effet de mode ? ». Tout y est dit, et très bien dit.
Quel malheur ! Un si bon article, et tu tues ton argumentation à la toute fin par cette simple phrase : « Etre pour ou contre le sextoy est aussi vain que d’être pour ou contre les brocolis. »
Tout le monde sait que le brocolis est une abomination. Il faut bruler tous les brocolis et pendre les agriculteurs. Tant que les gens ne poseront pas de bombes dans les supermarchés qui vendent encore des brocolis, on ne se débarrassera pas de ce fléau.
Hum, oui… Enfin tout ça pour dire qu’en fait, j’ai bien aimé l’article et les déclarations du monsieur m’ont bien fait rire aussi.
« ’accessoire utilisé pour atteindre l’orgasme est en fait toujours un sextoy. »
Donc le pénis est aussi un sextoy ! Qui s’oppose au sextoy doit se couper la bite ! Et les mains !
Merci pour ce fou-rire !
(Ce que tu ressens pour le brocolis, je le ressens pour les salsifis. Unissons nos forces !!!)
Non, pas ces pauvres brocolos, mais je plussoie pour les salsifis !
Une phrase m’interpelle, au milieu cet argumentaire comme très souvent juste, claire, court et concis (c’est bien pour ça que ce blog est un de mes favoris héhé)
« Au XIXe siècle, l’hystérie féminine était également soignée par des massages du clitoris, pratiqués par les médecins, souvent « assistés » de godemichés. Les raisons médicales de cette pratique écartaient donc tout obstacle moral. » : A voir selon Agnes Giard comment on traitait l’hystérie et / Ou nymphomanie au XiX siècle, pas très certaine !
http://sexes.blogs.liberation.fr/agnes_giard/2011/01/petite-histoire-des-nymphos.html
Kyp, j’ai personnellement utilisé un brocoli comme sextoy. C’est totalement inefficace, mais tellement bio !
Faisons l’amour avec la nature !
Merde, le brocoli ne fait pas jouir ? Damned. Je suis très déçue.
Comme quoi, c’est vraiment parfaitement inutile.
[...] This post was mentioned on Twitter by ThomasfromParis, isabelle de Lombarès and David Medioni. David Medioni said: Le sex-toy est un droit ! encore un excellent billet drôle et enlevé de @LaPeste sur ZoneZeroGene http://tinyurl.com/38o8xum [...]
Cet homme se sabote son argumentation tout seul.
Comment un sextoy peut il rendre une femme esclave du pénis puisque justement, elle ne se sert pas d’un pénis mais d’un objet tout autre (parfois sans apparence sexuelle).
Rendre esclave de l’orgasme, oui surement
Et comme c’est si bien dit ici, le meilleur dans le rabbit n’est certainement pas l’imitation pénis mais bien le lapin vibrant.
Le reste est bien aussi mais le must, ce qui conduit a l’orgasme c’est le lapin a coup sur.
Enfin bref, encore un homme qui ne comprend rien a la sexualité féminine et qui se sent en concurrence avec un petit morceau de plastique…
Mouais, y’a vraiment des cons partout et sur tous les sujets.
Le sextoy peut aussi être un objet d’inspiration artistique et pour vous en convaincre je vous conseille le film sorti hier « La chance de ma vie » avec Demaison et Virginie Efira (qui est définitivement bien meilleure actrice que présentatrice) que j’ai beaucoup aimé.
Les sextoys ne sont pas « des escroqueries néo-libérales achevant de faire des femmes les esclaves du pénis ». Mais ils ne sont pas non plus la méga-arme anti-pénis ultra-féministe révolutionnaire, comme beaucoup trop de femmes (et aussi des hommes) semblent se l’imaginer. Fallait que ce soit dit aussi, je trouve.
Par ailleurs, il existe aussi des sextoys pour hommes. Bien qu’en animant des ateliers de prévention, j’aie constaté que les hommes considèrent plutôt les femmes comme leurs sextoys…
Du reste, un sextoy ne doit pas forcément toujours servir à faire jouir, il peut aussi juste servir de préliminaire.
Je ne vois pas l’intérêt d’avoir une « arme anti-pénis », déjà. Ensuite, je ne vois pas pourquoi il faut toujours établir un lien entre le fait de se faire jouir en utilisant un objet (ou comme tu le dis de l’utiliser comme préliminaire).
Donc je trouve ta précision très utile : c’est vrai, ce n’est ni un asservissement au pénis ni une arme contre lui. La plupart du temps d’ailleurs, ça n’a aucun lien avec le pénis, même si pendant des décennies le sextoy a eu exclusivement une forme phallique. Mais entre le Layaspot, le Sasi, les galets vibrants, les petits stimulateurs clitoridiens, etc, y a le choix, loin de la bite
A côté de ça, en effet, les sextoys pour hommes émergent peu à peu. C’est pas trop tôt !
J’aime beaucoup que tu précises souvent dans chaque article le sexe à plusieurs. Quel que soit le sujet. Ca fait plaisir aux lecteurs polygames, merci ! Et comme d’habitude, super article, bravo.
Ouais, je tiens à ne jamais normer la sexualité. Ni hétéro, ni homo, ni exclusivement à deux
Merci à toi
Je bosse au planning familial, lors de nos universités d’été en septembre dernier (thème de l’éducation à la sexualité) nous avions organisé un atelier d’information sur les sextoys animé pas une conseillère (vilain mot) par ailleurs démonstratrice pour un revendeur des objets incriminés, nous savions pertinemment qu’en proposant cet atelier nous allions provoqué des remous au sein du mouvement, je tiens à précisé que l’amphi était bondé preuve que ces « gadgets » ont suscité un vif intérêt parmi les quelques 300 féministes (dont 5 hommes dont moi) présent(e)s. Bref tout ça pour dire que le niveau des arguments « contre » les sextoys était du même acabit que ceux formulés par le gentil monsieur que ton article évoque : « récupération par le capitalisme du plaisir sexuel », « assujetissement à la domination masculine », « représentation d’une sexualité hétéronormée », « primat de la pénétration », (oui au planning on aime bien les mots un peu ronflant) etc etc etc … bref chez les féministes là aussi le débat fait rage
ps : c’est bon les brocolis (gustativement parlant)
Très intéressant !
Ce qui me fait vraiment marrer, c’est l’argument de « l’assujetissement à la domination masculine » et la « représentation d’une sexualité hétéronormée ». Parce que les gens qui brandissent ce genre de conneries ne se rendent pas compte d’une chose : quand une femme en arrive à être assez à l’aise avec son corps pour se masturber et en jouir, elle utilisera ses doigts et/ou des sextoys de la façon dont ELLE aime être stimulée. Or, qu’un sextoy ressemble ou non à une bite, c’est le clitoris qu’on fait vibrer à la base
Et les personnes qui prétendent que les sextoys sont une représentation phallique connaissent apparemment très mal la diversité des produits : et là, MOI j’affirme très bien connaître TOUTE la gamme de produits disponibles sur le marché. Croyez-moi, il y a de nombreuses choses pas du tout phalliques qui se vendent très bien… Et les sextoys phalliques purs sont majoritairement utilisés sur le clitoris… Et quand ils sont utilisés dans le vagin, c’est principalement en complément de doigts sur le clitoris. Elles sont plutôt rares, les femmes qui ne touchent pas du tout leur clitoris en se masturbant. Elles existent, mais ce n’est de loin pas la majorité…
Le Rabbit, phallique ET stimulateur clitoridien, est un parfait exemple : les billes qui tournent à l’intérieur de la partie phallique sont super agréables AVEC la stimulation des petites oreilles de lapin sur le clitoris. Or, le Rabbit, objet d’un gros battage marketing, s’est d’abord vendu en France suite à la popularité de la série Sex and the city. Mais ensuite, il s’est vendu pour une raison fort pertinente : c’est un putain de sextoy efficace, il fait jouir vite et fort !
et ça, c’est du à l’anatomie du clitoris (dont les ramifications
internes sont assez impressionnantes, cf ma série d’articles « la
saga du clito »)
Y a pas de mal à se faire du bien, la vie est si courte.
salut!
j’ai beaucoup aimé cet article et je trouve l’argumentation bien construite.
Il y a eu récemment un article sur le même sujet sur rue 69 qui allait plus dans le sens de la marchandisation de la sexualité et assujettissement au capitalisme économique!
J’ai été étonnée par le nombre de commentaire qui allait dans ce sens : bouh pas bien le sex-toy, c’est l’individualisme primaire et le refus du partage et de l’échange avec l’autre!
J’ai l’impression aussi que pour les anti sextoys, l’idée qui veut être rejetée c’est l’existence d’un plaisir mécanique chez la femme, qui ne devrait passer que par le regard et la reconnaissance de l’autre, le désir d’être aimée, le partage et bla bla bla…
A mon sens, les bourreaux de la condition féminines se retrouvent donc plutôt chez les anti sexe-toy que chez les pro.
c’est pourquoi je ne comprends pas trop la logique des féministes., qui est parfois en contradiction.
Bien sur, j’ai pas dit que ça n’empêchait les sentiments et que vivre une relation avec quelqu’un n’était pas une source de richesse et de plaisir extraordinaire et plus importante ; mais bon, quand on me caresse le clitoris, je jouis, et c’est mécanique. Pourquoi m’en priver?
@ Vincent
Pour ces « féministes » (entendre : prosélytes puritaines abolitionnistes), pour échapper à la « domination masculine », les femmes NE DEVRAIENT PLUS : sucer, branler, avaler, se mettre à quatre pattes ou en amazones, ne plus se laver (l’hygiène les rend trop disponibles aux monstres mâles, fait d’elles des poupées propres), ne plus se caresser (puisqu’en cela elles cautionnent le geste sexuel), ne pas avoir de fantasme (peut-être juste les époux ? quelque part ? en haut ? à gauche ?) et surtout ne pas les réaliser, ne plus faire de porno, ne plus se prostituer (une horreur dont personne ne s’échappe, sinon en sombrant dans la drogue ou la psychose), ne plus porter de décolletés ni de jupes trop courtes, privilégier les cheveux courts aux cheveux longs (par trop suggestifs), éviter le rouge à lèvres et le parfum, gifler les monstres mâles dès qu’ils les reluquent – ou même avant, tiens, c’est plus sûr. J’en oublie ? Assurément.
Tu sais que tu me plais, toi, avec ton nom de clarté mourante !
N’as-tu pas la moindre conscience de la caricature ridicule du féminisme que tu présentes ?
Non, bien entendu.
Sais-tu que l’on peut être féministe et aimer les hommes, baiser, se parfumer, voire (mais là c’est extrême) se laver ???
Bon, je suppose que c’est de la provoc à trois balles. Je ne pense pas que l’on puisse être aussi crétin aujourd’hui.
Quoi que…
Tout pareil que Daphné, je suis féministe pro sexe proche de l’idée de Despentes, et c’est pas parce que je suis la première à gueuler contre l’armada de la putain bourgeoise épilé, au string rutillant pour plaire à l’hétéro norme que ça fait de moi une frigide ou des féministes des frigides.
Bref…
@Daphné : non, zeeeeen, le monsieur est de notre côté, c’est un gentil
)))) Il ironise
Provoc à deux balles, pas trois, faut pas pousser, quand même. Tu vois, j’ai une conscience. Merci.
Bon, alors je suis rassurée ! Jésus peur, doux Jésus… peur !!! ;o)
Excellent cet article! Il véhicule un message très sain sur la pleine jouissance de son propre corps. Je le ressortirai dans quelques années même si certaines modes venaient à dater.
« Les sextoys sont des escroqueries néo-libérales achevant de faire des femmes les esclaves du pénis »
Oh le bon gros cliché soixante-huitard pompée d’un bouquin ou d’un article qui se veut intello, ça veut tout et ne rien dire… surtout rien, comme à cette époque lointaine où la masturbation verbale battait son plein, pas toujours à bon escient!
En tous cas le Monsieur a su faire réagir…
Denis
Très chère Gaelle-Marie Zimmermann,
Je sais que l’on a déjà du vous le dire une paire de fois conséquentes, mais même si cela risque très fortement de secouer tous les fondements idéologiques de ce pauvre homme restreint à des pensées archaïques: datant de la préhistoire (ou au moins de l’époque où les pauvresses instrumentalisées par le consumérisme et les importations asiatiques que nous sommes avaient une place chaude attitrée à la cuisine, vous savez, près des casseroles…) permettez moi de vous dire que vous avez su viser juste et que la (pour éviter les redondances bien entendu) pauvresse instrumentalisée par le consumérisme et les importations asiatiques que je suis (j’adore cette phrase !) aimerait vous faire partager mon sentiment immédiat…
Épousez moi !
Merci pour tous ces orgasmes visuels que je vis depuis au moins 7mois que je suis vos articles.
L’inconnue du net !
Super article, merci !
mais j’y travaille.
A ce sujet, on peut aussi consulter le site de Betty Dodson, féministe américaine sex-positive, apôtre de ce qu’elle appelle le « self-loving », et qui, à plus de 80 ans parle sans complexe de ses nombreux sextoys et vibrateurs – qu’elle utilise toujours fréquemment ! J’aimerais bien être aussi délurée qu’elle
http://dodsonandross.com/
La réflexion du Monsieur me fait penser, dans un autre genre, à un ami à qui je parlais des sextoys et d’explorer sa sexualité et qui m’a répondu « Non mais imagine, tu prends un jeune couple, je sais pas, iranien par exemple, est-ce qu’ils se posent toutes ces questions ? Enfin je veux dire, ils font l’amour normalement et puis voilà, ils ont pas besoin d’aller chercher plus loin. »
Déjà les présupposés donnent le vertige :
« jeune couple » = « hétéro » ;
« iranien » = musulman = arriéré ;
« font l’amour normalement » = pénis dans vagin, frotti-frotta et éjaculation (masculine bien sûr hein)
Et le pire c’est que le monsieur qui a dit ça fait partie du corps médical !
Je pense que le monsieur voulait (maladroitement) dire que le rôle que tient le sextoy dans notre société est aussi culturel (d’ailleurs, rien que le mot « sextoy » qui n’a pas l’allure délicieusement désuète de « godemiché », l’allure savante de « olisbos », le côté vintage-70′s de « vibromasseur » mais la pseudo-universalité de l’anglicisme et son côté polyvalent pratique permettant de l’utiliser pour désigner un barreau de chaise comme un vibrator™ 72 fonctions).
Cela étant dit, sa réflexion me rappelle un peu les couillonnades rousseauistes sur l’état de nature. Il se sentait l’âme d’un jeune perdreau iranien, ton copain ?
Connaissant le numéro, un mec tout-à-fait bien par ailleurs, je dirait présomptueusement qu’il n’a pas encore intégré la possibilité que les orgasmes de sa partenaire ne dépendaient pas uniquement de lui. Et qu’il s’identifiait carrément au perdreau iranien, en effet !
En allant au bout de l’idée du barreau de chaise, je me demande si mon Hitachi Magic Wand n’est pas finalement l’héritier d’une longue lignée de sextoys que je n’avais pas identifiés comme tels, de mon oreiller d’adolescente (non je ne l’appelais par « Arthur ») aux nombreuses bananes, carottes et autres délices bio dont j’évaluais soigneusement la forme avant de les mettre dans mon caddie, le regard innocent. Il faudrait peut-etre que je songe à me désintoxiquer… Naan je rigole !
Article très frais, qui me rappelle que lorsque j’étais petite en 68, j’avais déjà compris l’importance de l’imaginaire, des douceurs clitoridiennes et des sex toys improvisés. Peut-être que mon hystérie prenait corps…
+1, contre les brocolis à 200%
Autre annerie à relever dans cette phrase : http://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9olib%C3%A9ralisme
J’ai acheté très récemment un nouveau sextoy, que j’aime beaucoup et que je préfère aux rabits lelo ou autres: YOOO de chez Fun Factory. 2 boules vibrantes, vibrations puissantes, 1 boule pour le clitoris, l’autre peut servir à masser le périnée mais moi je préfère la mettre dans le vagin. Très doux, pas très encombrant, plutôt joli (avec plein de couleurs différentes), et franchement très efficace. Malheureusement un peut cher…
Je l’ai aussi utilisé à deux.
Je suis ravie de voir que les sextoys s’achètent maintenant très facilement, sans devoir se cacher ou à en avoir honte, et j’apprécie l’imagination des fabricants.
Le prix des sextoys « élégants », c’est (si je puis me permettre) encore un peu le coup de bambou pour un bout de plastoc et un micro-moteur qui doit être le même sur 70% de la gamme.
Bravo pour cet article décapant !
En cherchant des sextoys avec une amie, nous avons constaté que tous ceux qui ressemblaient à des pénis étaient fortement surdimensionnés – au point d’être inutilisables pour elle et pour d’autres qui ont fait la même observation. Est-ce une provocation pour que la plupart des hommes se croient sousdimensionnés ? Ou bien simplement une indication que les sextoys les plus appréciés ne sont pas ceux qui font de la pénétration vaginale ?