Article qui pourrait également s’intituler : « La question que plus aucune fille ne pose en 2010, sauf sur les forums Doctissimo et ici en douce (et elle trouve une réponse) ».
Il semblerait que les sites comme ZoneZeroGene fédèrent initialement un lectorat de femmes averties (chacune en valant deux, évidemment), puis une audience masculine bienveillante et joyeusement participative, avant d’attirer un public plus jeune.
Avant, le lecteur était mûr, voire un peu flétri sur les heures tardives, et la lectrice mûre était de son côté aussi prompte à partager ses opinions et son expérience qu’à exprimer son ignorance et poser des questions en cas de doute.
Mais dernièrement, dans les messages reçus, je constate un arrivage de personnes jeunes. Par jeunes, j’entends dans la vingtaine. Petite, la vingtaine. Elles posent des questions. Sexuelles. On serait tenté de croire que la jeunesse va de pair avec l’inexpérience, et qu’il y a forcément un décalage entre les interrogations des jeunes femmes et celles de leurs aînées.
En fait, pas du tout. Celles qui passent par le formulaire de contact pour poser des questions, qu’elles aient 20, 30, 40 ou 50 ans ans, s’interrogent principalement sur le même sujet : la masturbation.
Et ça, c’est intéressant.
La masturbation, ça a l’air tout con, à en croire les gens qui savent. C’est vrai, rien de plus simple, bien après la révolution sexuelle, d’être une femme qui se caresse. Si j’en crois la presse féminine, c’est même devenu un minimum obligé, genre si tu te caresses pas, jamais de la vie tu connaîtras ton corps, l’orgasme il te narguera de très très loin, et quant à connaître le bonheur sexuel avec ton/ta partenaire, n’y pense même pas ! En gros, tant que tu n’es pas capable de te faire reluire toute seule, abandonne toute idée de partie de cul avec tes semblables, tu vas t’emmerder. Fais plutôt du crochet.
Donc, si tu ne te caresses pas, tu n’es qu’un ersatz de femelle, à ce qu’il paraît. Tu contemples, assise sur le bord de ta minable existence auto-anorgasmique, l’humanité moqueuse peuplée de femmes qui, elles, savent se décrocher la timbale en solo. Tout article sexo digne de ce nom t’expliquera que se masturber, pour une femme, c’est la garantie d’un teint plus frais, d’un épanouissement personnel décuplé, d’un taux d’endorphines accru, d’un niveau de stress stabilisé au plus bas, et il ne faudrait pas insister beaucoup pour qu’on te promette qu’en te branlant avec assiduité tu augmenteras ton espérance de vie.
La façon même dont les rédactrices semblent plaindre, avec ce petit rien de condescendance, les filles qui ne se touchent pas, a de quoi te rendre honteuse si tu fais partie de celles qui ne touchent leur foufoune que sous la douche et uniquement pour la laver.
Mon opinion sur la question ? D’accord, j’admets : se masturber et obtenir des orgasmes avec ses petites mimines, c’est précieux. On apprend à se connaître mieux, et sans aucun doute on enrichit par ricochet sa vie sexuelle en général.
Jouir seule, c’est formidable, personne n’a dit le contraire (parce qu’en fait, se masturber, une fois qu’on s’est débarrassée de ses appréhensions, de sa gêne et d’un vague sentiment de culpabilité ou de ridicule, c’est juste MERVEILLEUX et l’orgasme, c’est tout simplement MAGIQUE !).
Mais pour convaincre celles qui ne pratiquent pas le truc de se faire tinter la sonnette, je me demande si les conseils donnés par les magazines sont vraiment efficaces : « Relaxez-vous, tamisez l’éclairage, allongez-vous sur votre lit, mettez de la musique douce, ne pensez plus à rien, partez à la découverte de votre corps… » .
Alors bon. D’accord. Enfin vous avez pas plus précis comme indications ? Parce que même avec la lumière idéale, « partir à la découverte de son corps » quand on est toute timide et/ou inexpérimentée, c’est pas du tout cuit, moi je vous le dis. Et si les rédactrices, dont je ne conteste ni le sérieux ni les bonnes intentions, vont jusqu’à conseiller la masturbation aux femmes qui ne la pratiquent pas, pourquoi s’arrêtent-elles en si bon chemin, sans donner de conseils vraiment concrets ?
Au-delà de ce léger paradoxe, il me semblerait pertinent, avant même de convaincre les femmes de se masturber, de tenter de comprendre celles qui ne le font pas, sans stigmatiser l’absence de sexualité solitaire comme une sorte de lacune coupable : ne pas se caresser, même en 2010, ça peut tenir à une absence totale d’intérêt pour la chose (et ça, on a le droit aussi !), à un sentiment de honte, ou de culpabilité. Ca peut aussi relever de la crainte de ne pas savoir comment s’y prendre, ou de se sentir ridicule si on essaie, sans oublier ce sentiment d’échec déplaisant si on tente de se caresser, mais qu’on obtient pas de résultat notable. Et enfin, n’oublions pas cette angoissante question qu’on se pose quand on n’a jamais eu d’orgasme : « à quoi ressemble ce que je suis supposée obtenir en me caressant ? Comment saurai-je si j’ai réussi mon coup ? »
Alors ô Toi, Lectrice à la main aventureuse, si tu te situes dans une de ces catégories et que la chose te branche mais que tu ne sais pas trop où tu vas (donc vous les expertes, qui avez lu par politesse le début de l’article, vous pouvez retourner à vos polissages de foufounes car la suite va vous gonfler grave), regarde ta main et considère-là, dès cet instant, comme ta nouvelle meilleure amie (tu peux aussi accessoiriser dès le départ ta pratique, et là je te conseillerai très bientôt les bons potes des démarrages solitaires, mais admettons que pour l’instant, tu envisages de faire des choses à ta foufoune juste avec tes doigts…). Si tu ne le sais pas encore, dis-toi que les Cieux sont au bout de tes doigts.
Déjà, si tu nourris l’espoir de t’envoyer en l’air toute seule, mets-toi une chose dans le crâne : mieux vaut être un minimum excitée au moment où tu glisseras ta main entre tes cuisses. Sinon, tu risques de t’user la foufoune en t’irritant un max sans jamais rien obtenir ; et ça te découragera de retenter le coup.
Alors à toi de réfléchir très sérieusement à ce qui t’excite, sans aucune censure : faire du sexe toute seule, ça suppose en premier lieu, et avant même de parler de technique, de faire preuve d’une furieuse honnêteté vis-à-vis de soi-même… Donc, que tu connaisses déjà l’orgasme ou non, assieds-toi et réfléchis : à quoi tu penses quand tu fais l’amour avec ton/ta partenaire habituel(le) ? Qu’est-ce qui, ajouté aux gestes et aux mouvements, te fait monter en température ? Qu’est-ce que t’excite à mort ? Laisse venir les images, ne refuse aucun scénario, et chope au vol celui qui te semble le plus approprié.
Si c’est une scène bien trash, mais qui te fait honte et dont tu te demandes pourquoi une fille convenable comme toi appelle à la rescousse de pareilles cochonneries pour réussir à jouir, pas de panique. Ca s’appelle un fantasme, c’est tout à fait normal et c’est une projection de ton esprit suscitant un émoi sexuel, mais remontant à la surface de façon parfois déformée, ce qui explique l’apparent décalage entre tes désirs conscients et l’excitation provoquée par des scènes hallucinantes…
Donc assume et dis-toi que c’est pas écrit sur ton front que tu frémis en pensant à des choses potentiellement sans lien avec ta conception de l’érotisme. Alors que ton trip de cul se résume à des bisounours en calcif en train de se faire des choses en rang d’oignon pour tes beaux yeux, que ça s’apparente au contraire à un scénar quasi-maso, ou à une séance de de cunni entre toi et ta voisine du dessus, ou encore que ça concerne ta banquière à genoux en train de te supplier de lui donner une fessée, peu importe du moment que ça te chauffe. T’as qu’à le dire à personne, c’est tout.
Autre possibilité : te laisser stimuler par une source extérieure concrète, par exemple une lecture cochonne si tu es une cérébrale pure, ou pourquoi pas quelque chose de visuel ? On dit qu’en général, ce sont plutôt les hommes qui sont visuels, mais il est surprenant de constater que nombre de femmes sont également excitées, contrairement à ce qu’on croit, par le fait de visionner des trucs un peu chauds, et nous ne parlons pas forcément ici de films pornos.
Bref, conditionne-toi mais accepte l’idée de t’abandonner complètement. Quand tu as ciblé ton moteur, et que tu sens que t’as envie de te tortiller dans ta culotte, installe-toi confortablement. Ou tu veux. Comme tu te sens à l’aise. Laisse monter ton fantasme préféré, et utilise-le à fond. Arrête d’essayer de te persuader que tu ne fais rien de mal, que tu explores ton corps et que c’est naturel, laisse tomber ce baratin démago : parce que si jusqu’ici t’as pas réussi à te débarrasser de ta gêne, y a aucune raison que ça change aujourd’hui, alors lâche l’affaire et accommode-toi de ton embarras. Si tu te sens coupable ou ridicule, aucune importance. Admets-le et passe au-dessus, sinon dans 15 ans tu seras encore en train de faire du crochet en pensant aux 2564 fois où tu as essayé de te faire jouir sans jamais dépasser l’étape du « c’est nul ce que j’essaie de faire ».
Donc, tu es excitée, peut-être très mal à l’aise, tu as un peu honte de toi dans cette posture ridicule. Tout va bien.
Alors on y va : pense à tes cochonneries et pose ta main sur ton sexe. Presse tes doigts sur la bestiole et tente quelques allées et venues, sans forcément chercher à débusquer le clitoris. Appuie et glisse. Quand tu sens que quelque chose se passe côté sensations (chaleur, frémissement, ou une espèce de tension entre tes cuisses), choisis ton doigt favori et glisse-le dans le vif du sujet, juste en haut de cet endroit où se rejoignent grandes et petites lèvres. Là, tu tombes direct sur le capuchon du clitoris, que tu n’as aucune hâte à décalotter, sinon tu risques de te faire mal. Bon, caresse-le, sans trop appuyer sur les mouvements qui vont de bas en haut. Tu peux rester peinard sur le capuchon, vu que ton clitoris est tout de même un organe assez sensible (8000 terminaisons nerveuses sur son gland, contre 6000 sur le gland du pénis masculin) : la stimulation directe, quand on débute, ça se manie avec précautions…
Et c’est là qu’il faut combiner les choses avec une synchronisation sans faille : ne pas penser à tes gestes, ne pas te visualiser là, en train de farfouiller dans ta foufoune, l’air naze et sans savoir quoi faire de ton corps. Non, c’est justement là que tu dois garder présentes à l’esprit les images qui t’excitent, et imaginer que tu es à l’intérieur de ton petit scénar. Crois-moi, ça aide beaucoup au début.
Donc là, tu as entamé la phase de réalisation de ton grand projet (faire du sexe avec tes doigts), et tu en es au moment où tu as fait connaissance avec ton clitoris que, dans ta grande douceur et ton souci de ne pas brusquer les choses, tu n’as pas encore décalotté. Dans ton esprit un peu confus défile sans doute un scénario apte à te maintenir dans un état d’excitation propice à toutes les folies. Tu te sens peut-être encore un peu mal à l’aise, tu te trouves peut-être vaguement ridicule, et le sentiment de honte de tout à l’heure ne t’a toujours pas quitté… T’occupe, c’est pas ça qui va te freiner.
Donc tu as choisi un doigt, ou plusieurs, et tu passes en douceur sur le capuchon : là, c’est à toi de trouver à la fois la bonne cadence et le bon circuit, car si pour certaines les caresses doivent être circulaires et rapides, pour d’autres elles gagneront à s’étaler sur le sexe dans son ensemble, de façon plus ou moins appuyée et plus ou moins lente. A chacune sa recette, et ce n’est pas forcément facile de la trouver au départ, et cela nécessite un lâcher-prise total mais surtout une grande attention à ses propres sensations.
Tu peux aussi, pour augmenter la pression, te mettre à plat ventre, ça peut aider. Si tu ressens le besoin d’être pénétrée, soit tu utilises d’autres doigts (Dieu dans sa grande bonté t’a donné plein de doigts…), soit tu envisages l’achat d’un sextoy.
Quand tu as trouvé la bonne cadence et le bon parcours, et que tu sens ton trouble augmenter à mesure que tu te caresses, que ton sexe te répond et que tu te trempes les doigts, eh bien c’est pas compliqué, continue. Si tu es parvenue à ce stade sans encombre, il y a de fortes chances que tu sois sur la bonne voie. A ce moment-là, à toi de voir si tu décalottes ou pas. Peut-être que les caresses de plus en plus appuyées, ajoutées à l’excitation montante, qui a provoqué une érection du clitoris, ont entraîné un décalottage pacifique.
Bref, à ce stade, si tu es parvenue à être à la fois excitée par tes fantasmes, tes propres caresses et lancée au point de pouvoir augmenter tes sensations toute seule, je pense que tu n’as plus besoin d’aucune indication. L’orgasme, tu le sentiras monter. Le « décollage » se reconnaît aisément : c’est le moment où on sent que c’est le corps qui réclame, et non nos doigts qui cherchent à obtenir quelque chose. Les fourmillement dans la zone clitoridienne s’intensifient, la chaleur augmente au sens propre du terme et on ressent une très nette impression de « impossible-de-m’arrêter-parce-que-je-sens-que-ça-vient ». A ce stade, quand l’orgasme survient, il suffit simplement de poursuivre la caresse, sans rien changer.
La masturbation suppose régularité, crescendo linéaire et pression constante. Du moins au départ. Après, on peut varier.
Note bien que tout ce parcours initiatique peut être accompli sans les doigts, mais avec un sextoy, dont les frottements, vibrations activées ou non, pourront remplacer ta main. Affaire de goût et d’humeur…
D’autres questions ? Des suggestions ?
A lire également :
- La saga du clito (Saison 1, Episode 2 : vie privée, vie publique)
- Comment caresser le sexe d’une femme (avec les doigts) ?
- La saga du clito (Saison 1, Episode 1 : son anatomie)
- « Reprogrammer l’orgasme » : quand le sexologue est l’ennemi du plaisir
- « L’orgasme ? On ne peut pas le décrire précisément, c’est différent pour chaque femme… »
- Pénétration et orgasme féminin : le flou érotique
Tu veux mon avis, aussi bizarre qu’il soit ?
Seule, je préfère un sextoy, les vibrations m’aident et j’aime me sentir « comblée »…. et je préfère me masturber manuellement, avec mes petits doigts boudinés, uniquement quand j’ai le sexe de mon partenaire bien calé entre mes cuisses !
En gros, me tripoter le clito ne me satisfait jamais entièrement, il faut la présence d’un corps étranger à l’intérieur de mon vagin !
(Elégance et distinction, j’écris ton nom.)
[...] suite sur le très bon site Zonezerogene.com, où Gaelle-Marie Zimmermann nous livre un mode d’emploi précis et détaillé, tout en [...]
excellent article, très bien détaillé et vraiment bien fait pour les débutantes. et j’ai un jour lointain été une débutante, donc merci.
Juste pour dire que j’adore cet extrait, il m’a bien fait rire :
« …mieux vaut être un minimum excitée au moment où tu glisseras ta main entre tes cuisses. Sinon, tu risques de t’user la foufoune en t’irritant un max sans jamais rien obtenir… »
…fou rire au souvenir d’irritations mémorables… OUCH !
Ca me rappelle quand vers 10/11 ans, j’étais tombé sur le film erotique du dimanche soir d’M6 et que ça m’avait fait tout drole sous la chemise de nuit. Instinctivement, j’avais trouvé le bon truc avec ma main et cette nuit-là, oui, j’ai découvert l’orgasme (plein de fois même
)
Bravo pour cet article très complet et qui sera sans doute utile à plus d’une (voir « d’un », certains n’ayant toujours pas pigé que le clito n’est pas un bouton de manette de ps3)
« voir « d’un », certains n’ayant toujours pas pigé que le clito n’est pas un bouton de manette de ps3″
Je confirme, ça peut servir! En même temps si certains ne pigent pas, faudrait peut être leur expliquer… on n’apprend pas à lire tout seul!
@Clément – je te rassure, je me suis occupé de chaque cas défaillant que j’ai pu rencontrer ! (mon côté altruiste ça !
)
@Vaness: Dans ce cas ça va.
En plus, je trouve ça plutôt marrant le côté « cours particulier ». genre: « muscle ton jeu jean-René ».
Des deux côtés d’ailleurs, ne croyez pas, chères demoiselles (ou dames d’ailleurs), que vous ayez la science infuse (tous ceux qui se sont fait péter le frein à cause d’une partenaire au coup de poignet un peu trop vigoureux savent de quoi je parle!)
« On peut en savoir plus sur quelqu’un en une heure de jeu qu’en une année de conversation »
(je ne suis pas sûr que cette citation s’applique au cas d’espèce dans son esprit, mais j’aime bien citer Platon que on parle de fesse)
chére gaelle-marie,
quelle bonheur de lire ce billet brillant et drole sur la masturbation.
« Alors on y va : pense à tes cochonneries et pose ta main sur ton sexe »
excellent mdr
En plus : « la masturbation c’est faire l’amour avec la personne qu’on aime le plus au monde. » !
Et surtout, si puis me permettre, si le sentiment de gêne ne disparait pas du premier coup, et que la honte fais tout stopper, il faut recommencer!
La masturbation j’ai envie de dire, c’est un peu comme le vélo, quand on tombe, il faut remonter
Sinon le « t’as qu’à le dire à personne » est très bien, c’est pas les murs ou la couette qui vont aller tout répèter!
Même si j’ai jamais eu de problème de ce côté là, c’est vachement rafraîchissant de lire ce genre d’article parce que c’est vrai que si on cherche des réponse dans les dossiers culs de la presse féminie on est pas sorties de l’auvberge!
Merci Gaëlle-Marie
Un vrai bonheur, cet article…Merci de nous rappeler tout ça, merci de nous rappeler que non, nous ne sommes des machines qui jouissent uniquement parce qu’il faut faire comme ci, comme ça.
Ce site est officiellement mon site préféré. Alors merci beaucoup
[...] PS : pour les jeunes ou moins jeunes lectrices qui se posent le même genre de questions, je recommande chaudement de jeter un œil à cet article du très bon blog Zone Zéro Gêne. [...]
Bonjour !
Je fais partie des jeunes femmes (la vingtaine) qui posent des questions et qui commencent tout juste à se dire que oui, la masturbation, ce n’est pas que pour les autres. Tous ces articles sur le clito sont très instructifs et décomplexants à maints égards, merci !
Si je ne me contente pas d’envoyer un message privé, c’est parce que ce que je voudrais dire intéressera peut-être d’autres personnes, d’autant plus que j’en entends très peu parler – ici ou là, au détour d’un forum, sans grand développement. Il s’agit de l’hypersensibilité clitoridienne. Pas l’hypersensibilité entendue au sens où trois caresses suffisent pour conduire à un orgasme intergalactique, mais au sens où il ne faut même pas trois caresses pour hurler de douleur.
Fantasmes, films, mises en scène avec un partenaire, sextoy… J’essaye pas mal de choses différentes qui me plaisent plus ou moins, mais le même problème revient systématiquement : quel que soit mon niveau d’excitation, je ne peux pas toucher mon clitoris sans avoir mal. Je le stimule par d’autres moyens, plus indirects, mais une certaine frustration – pas insupportable mais tout de même – demeure.
Une gynéco m’a dit que je ne n’avais qu’une moitié de calotte : résultat, mon gland clitoridien est constamment à l’air libre, et le plus souvent, irrité. Je n’ai jamais entendu ni lu ça ailleurs que dans ce cabinet médical. Et je ne crois pas qu’il y ait grand chose à faire, sauf mettre régulièrement toutes sortes de crèmes adoucissantes.
J’ai connu un véritable plaisir clitoridien à deux reprises dans ma vie avec deux partenaires différents : des situations de totale confiance, de détente (en vacances), et surtout où il y avait du temps. Une après-midi entière pour apprivoiser un clitoris, ce n’est pas superflu. Mais pour ce qui est de la masturbation, j’en suis très très loin.
J’ai parfois l’impression que cet apprentissage est sans fin, qu’il est entièrement à recommencer à chaque nouvelle tentative et surtout d’être un OVNI dans le paysage clitoridien. Je suis féministe, j’essaye de me renseigner, je suis même allée voir un sexologue en chair et en os, pas ceux des magazines, et je sais comme toute grande fille progressiste que le clitoris commande tout le plaisir féminin, même pendant la pénétration. À la limite je préfèrerais ne pas le savoir, tant le sujet est douloureusement délicat – au sens propre comme au sens figuré.
Avez-vous déjà entendu parler de ça ? Ai-je manqué un article à ce sujet ?
Merci et bravo pour ce blog !
Belette
Je me retrouve tellement dans l’introduction de cet article !
« Si j’en crois la presse féminine, c’est même devenu un minimum obligé, genre si tu te caresses pas, jamais de la vie tu connaîtras ton corps, l’orgasme il te narguera de très très loin [...]
Donc, si tu ne te caresses pas, tu n’es qu’un ersatz de femelle, à ce qu’il paraît. Tu contemples, assise sur le bord de ta minable existence auto-anorgasmique, l’humanité moqueuse peuplée de femmes qui, elles, savent se décrocher la timbale en solo. [...] »
Et mieux que ça, si tu n’y arrives pas, c’est que tu as un problème (qui a osé dire frigide ?!).
Parce que tout le monde sait qu’avec tout ce qu’on dit là-dessus, la femme a tous les moyens de (bien) le faire et d’ »obtenir des réusltats ». Sinon, c’est de sa faute, et elle n’a qu’à pas se plaindre si elle se fait chier au pieu.
« sans oublier ce sentiment d’échec déplaisant si on tente de se caresser, mais qu’on obtient pas de résultat notable »
Et, quand ça « rate », une fois, deux fois, tout le temps… bon on n’a pas forcément envie de s’y remettre, au contraire.
Je sais que les « il faut persévérer, ça viendra », c’est pour aider, n’empêche qu’on persévère quand on voit un « bout » de la chose, quand on entrevoit quelque chose.
Quand y’a aucun plaisir, sinon presque de l’inconfort, ben on a rarement envie de renouveler l’expérience, on se dit que c’est pour les autres.
« Donc, que tu connaisses déjà l’orgasme ou non, assieds-toi et réfléchis : à quoi tu penses quand tu fais l’amour avec ton/ta partenaire habituel(le) ? »
Et les vierges, alors ?! (Taquinerie… mais quand même, ça serait bien de ne pas nous oublier. Même si une bonne partie des articles ne nous concernent pas dans la pratique, nous sommes curieuses, nous sommes là !
)
Bref, merveilleux article, encore une fois (j’ai découvert ce soir même, et je suis dessus depuis plusieurs heures… c’est autrement plus intéressant que le partiel de demain que j’ai à réviser – si je le rate, vous êtes tenue pour responsable !), même si j’avais déjà à peu près tout entendu… dans la théorie, bien évidemment… la pratique, c’est une autre histoire…