Mes chéries, aujourd’hui nous allons procéder à un bon gros nettoyage de printemps dans la foule d’idées reçues qui pullulent autour de la contraception orale et des règles (ou de l’absence de règles).

En effet, la désinformation, parfois cautionnée par certains médecins qui contribuent à la propagation et à la survivance de clichés ridicules, est encore source de confusion dans l’esprit des femmes. Bien informées en 2010 ? Hélas non, et c’est regrettable. Pas de grosse déconnade pour agrémenter cet article cependant : je propose d’entrer dans le vif du sujet et de répondre le plus clairement possible aux questions qui me sont envoyées par les lectrices. C’est en quelque sorte le petit quart d’heure du courrier hormonal sur ZoneZeroGene, grâce à la mine d’informations fournies par Martin Winckler. Alors c’est parti !

Rappels préalables : le fonctionnement de notre cycle menstruel

A la base, nos ovaires produisent des oestrogènes et de la progestérone, hormones qui agissent sur nos organes sexuels ainsi que sur le cerveau, via l’hypophyse.

Pendant la première moitié de notre cycle, nous fabriquons des oestrogènes afin d’épaissir la muqueuse utérine (l’endomètre), de lubrifier le vagin et de nous coller littéralement le feu aux fesses. Donc les filles, si vous n’êtes pas sous contraceptif hormonal et qu’aux alentours du 14ème jour de votre cycle vous connaissez des pics de désir, c’est normal.

Lorsque les oestrogènes circulent à dose suffisante dans le sang, l’hypophyse est stimulée et déclenche l’ovulation  (entre le 12ème et 17ème jour du cycle) : l’ovaire expulse alors un ovocyte, qui va se poser dans la trompe, en attendant l’arrivée éventuelle de spermatozoïdes.

Après l’ovulation, l’ovaire passe à la sécrétion de progestérone, qui fait monter légèrement notre température et prépare l’utérus à accueillir un ovule fécondé. Lorsque la fécondation n’a pas lieu, notre production d’hormones chute de façon significative, (ce qui cause chez certaines femmes des symptômes tels qu’irritabilité et sautes d’humeur) et les règles surviennent, environ 15 jours après l’ovulation.

Les règles consistent donc en une évacuation de sang et de tissus (jamais de sang pur), conséquence de la désintégration de l’endomètre, qui n’est plus stimulé par les hormones que produisent nos ovaires. Ces hormones ont donc gorgé l’endomètre de sang avant l’ovulation : celle-ci n’ayant pas eu lieu, l’endomètre se détache  et les contractions de l’utérus l’éliminent.

« La pilule, en fait, ça fonctionne comment ? »

Comme un leurre : en fait, la pilule fait croire à notre corps que nous sommes enceintes. En effet, en cas de grossesse, la fabrication de progestérone est constante et notre système sanguin en contient alors de façon stable. Il n’y a donc plus de cycle menstruel, et par conséquent ni ovulation ni règles. La pilule imite donc la grossesse en approvisionnant le corps en hormones.

« Quels sont les différents types de pilules ? »

1 – Les pilules combinées : elles contiennent un oestrogène de synthèse (éthynil-estradiol) et un progestatif de synthèse.

2 – Les pilules progestatives : elles ne contiennent pas d’oestrogènes. Recommandées dans les cas d’intolérance à ces derniers, de problèmes d’hypertension, de phlébite, ou de tabagisme pour les femmes âgées de plus de 35 ans, afin de supprimer le risque d’accident cardio-vasculaire. Dans cette catégories de micro-pilules, on distingue :

- Microval et Milligynon : ces pilules agissent sur la glaire cervicale (sécrétions du col de l’utérus) et ne suppriment pas l’ovulation. La prise est continue (sans l’interruption de 7 jours), et doit être scrupuleusement observée.

- Cérazette : elle supprime l’ovulation chez une grande majorité des femmes. Elle doit également être prise en continu.

La nécessité de prise continue pour les pilules progestatives s’explique par le fait que leur efficacité est de 27 heures : une interruption supérieure à une journée complète pourrait donc déclencher l’ovulation.

En ce qui concerne les pilules combinées, on peut en interrompre la prise environ une semaine avant que l’ovulation ne se déclenche.

« La pilule, ça n’augmente pas le risque de cancer ? « 

Non, absolument pas. Il semblerait même que les femmes sous contraception hormonale soient globalement mieux protégées contre le cancer de l’endomètre et le cancer de l’ovaire. Quant à l’augmentation du risque de cancer du sein, il n’augmente que chez les femmes qui prendraient une pilule combinée jusqu’à 40-45 ans. Solution : cesser de prendre une pilule combinée à 35 ans et changer de contraception (pilule progestative ou autre méthode contraceptive). Cela ramène le risque d’avoir un cancer du sein au même niveau que pour les femmes n’ayant jamais pris la pilule.

« Ca me gonfle d’avoir mes règles mais je n’ose pas enchaîner mes plaquettes sans interruption. Je peux le faire ? »

Les toutes premières pilules contraceptives commercialisées dans les années 60 étaient formulées pour être prises en continu, afin de garantir une efficacité optimale. Mais il semble que les femmes aient été psychologiquement perturbées par l’absence de règles, même fausses. Pour remédier à ce souci, les laboratoires ont mis en place la prise interrompue avec des plaquettes de 21 comprimés. L’interruption de la prise provoquant une privation d’hormones mais ne laissant pas le temps au corps d’ovuler, ce sont donc des hémorragies de privation qui tiennent lieu de règles simulées. Les saignements ne sont donc pas de vraies règles mais une conséquence de l’arrêt de la pilule.

Alors il ne faut pas hésiter à prendre la pilule en continu si on le désire. Cela ne présente aucun danger. Et cela augmente l’efficacité contraceptive de la pilule puisque les risques de laisser se déclencher l’ovulation sont réduits à néant par la prise en continu des comprimés.

« Mais ne pas avoir de règles, ce n’est pas dangereux pour la santé ? Et puis les règles, c’est bénéfique, parce que ça nettoie, non ? »

Les règles n’ont jamais eu vocation à nettoyer le corps. Quant aux prétendus risques d’infection, ils sont inexistants : toutes les cellules mortes de notre organisme sont digérées par nos globules blancs. Il n’y a donc pas de « bouchon », ou de « stockage », puisqu’il n’y a pas de sang et de tissus à éliminer.

En ce qui concerne la supposée « absence de recul » sur la prise en continu d’une contraception hormonale, c’est une absurdité : cette technique est connue et maîtrisée dans d’autres pays depuis une bonne trentaine d’années, sans aucun effet négatif sur la santé.

« Je fume : du coup, mon gynéco refuse de me prescrire la pilule. Y a vraiment pas moyen ? »

Mais si, y a moyen. Avant 35 ans, la combinaison pilule/tabac n’accroit absolument pas les risques d’accident cardio-vasculaire, même si on prend une pilule combinée (oestrogènes/progestérone). Après 35 ans, il suffit d’opter pour une pilule progestative.

« Je suis obligée d’aller chez mon gynéco pour me faire prescrire la pilule ? Parce que le toucher vaginal, le frottis, la prise de sang, pfff… C’est relou »

Non, votre médecin généraliste peut tout à fait se charger de la prescription. En fait, il n’y a aucune utilité à procéder à des examens sanguins et/ou gynécologiques pour prescrire la pilule (ou la pose d’un implant contraceptif d’ailleurs). Ni toucher vaginal, ni frottis, ni même palpation des seins. L’OMS et le Conseil National de l’Ordre s’accordent sur ce point : chez une femme en bonne santé, ces examens sont superflus.

Pourquoi ces examens sont-ils inutiles ?
- Parce que le dosage systématique du cholestérol est sans intérêt chez la femme en bonne santé. Prise de sang superflue, donc, hors des cas précis de maladie familiale.
- Parce que la palpation des seins chez les femmes jeunes et en bonne santé n’a pas de sens dans le cadre de l’absence d’antécédents médicaux. L’idée que la prise de pilule puisse être liée au risque de cancer du sein devrait être extirpée de l’esprit des femmes comme de celle des médecins.
- Parce que le toucher vaginal, pratiqué sous prétexte de détection d’une pathologie utérine, des trompes ou des ovaires, ou encore d’une IST, n’a aucun lien avec la contraception hormonale. En effet, même en présence d’une des pathologies évoquées (endométriose, fibromes, tumeurs ovariennes bénignes, voire cancer de l’endomètre ou ovarien), la contraception hormonale n’est pas contre-indiquée. Même le VIH n’est pas une contre-indication à la contraception hormonale. Ces examens peuvent donc être utiles en cas d’investigations diagnostiques ciblées sur ces pathologies, mais en aucun cas pour prescrire un contraceptif hormonal.
- Parce que pour détecter une grossesse, le toucher vaginal est inefficace en-deçà de six semaines.
- Parce que le diagnostic des infections silencieuses telles que les Chlamydia ne peut être réalisé que par des tests précis. Jamais par un examen clinique.

Donc : chez une femme jeune, en bonne santé et sans symptôme particulier, tout examen complémentaire homris la prise de la tension artérielle et de la vérification d’éventuels antécédents de phlébite est inutile.

Sachez donc que vous êtes tout à fait fondées à refuser ces examens, et qu’ils ne doivent en aucun cas constituer une condition de prescription de la pilule. Autre précision importante : la loi et la Sécurité Sociale française autorisent tout à fait la prescription annuelle de la pilule. Il n’est donc pas pertinent qu’on vous contraigne à des prescriptions trimestrielles.

En conclusion, les filles, et hors cas pathologiques précis :

- C’est à vous de choisir votre contraception et d’amener le médecin à adapter sa prescription à votre choix personnel, et non l’inverse.
- Vous êtes en droit de refuser tout examen inutile.
- Vous pouvez prendre la pilule en continu si vous le souhaitez : l’absence de règles n’est ni nocive ni contre-nature.
- Vous n’augmentez pas vos risques de choper un cancer en prenant la pilule.
- Vous pouvez vous faire prescrire la pilule pour une durée d’un an.

Merci à Martin Winckler dont le site a servi de source à cette synthèse.

A consulter pour des infos plus complètes et plus précises :

- Quelle pilule choisir ?
- Oubli de pilule, comment le gérer ?
- Prendre la pilule sans interruption et ne plus avoir ses règles : oui !

Pour des infos générales sur la contraception :

- Choisir sa contraception

- Choisir S

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