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CommentAuthorLulue - CommentTimeMar 22nd 2008 édité
Est-ce les habituelles revendications "Nous voulons nous sentir chez nous à nouveau" ?
Quel est l'intérêt du Dalaï Lama de rester en exil ? Son retour n'aiderait-il pas les Tibétains (sic) à trouver une nouvelle ère ?
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- CommentAuthorBlue Eye
- CommentTimeMar 22nd 2008
Le problème au Tibet c'est surtout que le gouvernement chinois interdit la culture Tibétaine...en ce qui concerne le Dalaï -Lama d'un côté cela lui apporte une certaine liberté mais on peut se demander si cet éloignement ne créé pas un décalage entre lui et son peuple et si son retour ne donnerai pas de la force aux Tibétains pour défendre leur culture..
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- CommentAuthorLauwenmark
- CommentTimeMar 23rd 2008
Très brièvement:
Le problème Tibétain est essentiellement une confrontation de cultures (très grossièrement: une société centrée sur un élément religion contre une autre violemment anti-cléricaliste), mais aussi et surtout une confrontation territoriale et coloniale (à nouveau, très grossièrement: les populations chinoises pauvres voient dans le Tibet une sorte de terre promise).
Sur l'exil de Dalaï-Lama: l'intérêt principal est de demeurer en vie, et d'assurer la publicité et la coordination des mouvements pro-tibétains à travers le monde. Le martyr assurerait au Tibet un soutien international fort mais temporaire et conduirait à la disparition d'un leader charismatique et médiatique. Par contre, son exil donne probablement un caractère plus mesuré, mais aussi plus solide et durable à la cause tibétaine.
Reste à voir, dans les deux cas, si beaucoup sont prêts à remettre en question un partenariat avec la nouvelle superpuissance économique et militaire du monde pour une population et des territoires à la valeur culturelle incontestable, mais au poids économique et politique avoisinant le zéro absolu...
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- CommentAuthorJori
- CommentTimeMar 31st 2008 édité
La Chine est le plus peuplé pays du monde. De par sa réalité sociologique, il n'est pas encore prêt à être une démocratie de type occidentale. Seul un gouvernement fort peut mener à bien les réformes qui n'ont pas été faites de par le passé.
Oui, je pense que la démocratie est un type de gouvernement qui ne convient qu'une fois le plus gros du travail de construction identitaire d'un peuple a été fait.
Ceci étant dit, la Chine a donc bon nombre de réformes importantes à mener, et le dirigisme et contrôles économiques de cette période de transition justifient en quelque sorte le manque de liberté que la Chine subit. Toute tentative de faire un parallèle entre la Chine et une démocratie occidentale sera vain.
Ceci étant dit, la Chine estime être dans son bon droit lorsqu'elle parle du Tibet comme d'une province Chinoise : le Tibet était une sorte d'état client des empereurs mandchous. Ceci ne justifie pas véritablement le droit "historique" sur le Tibet de la part de la Chine. Mais ce que le communisme à la Chinoise fait, c'est de prendre cette région, riche en minerai et stratégiquement bien placée, afin d'en faire profiter l'ensemble de la population chinoise. Les tibétains étant, pour l'administration centrale, des chinois.
Ce qui se passe au Tibet est beaucoup plus complexe qu'un peuple opprimé par une grande puissance étrangère. Ce qui se passe au Tibet est essentiellement un problème ethnique. Les Tibétains se sentent lésés, ne profitant pas véritablement de la croissance chinoise. Car ceux qui au Tibet décrochent les opportunités, les bons emplois, sont ceux qui sont de souche Han, autrement dit les chinois du reste du pays. Quoi de plus naturel, lorsque l'on sait qu'ils sont venus faire des commerces, ou prendre des emplois administratifs au sein de l'Etat? Il y également des aventuriers qui viennent sans doute au Tibet, dans l'espoir d'y faire fortune, mais... comme partout en ce monde.
Les Tibétains, ne voyant pas ceci se refleter dans leur quotidien en leur bénéfice développent une haine envers ces "envahisseurs" qui leur volent leurs emplois, et tout à commencé avec l'attaque des autochtones aux commerces des résidents de souche Han. L'Etat doit en toute logique reprimer ces revoltes et remettre le calme dans les rues de Lhasa.
Les Tibétains ont effectivemment pris les Jeux Olympiques en otage, voyant là une opportunité en or pour se faire entendre de la communauté internationale, réclamant leur indépendance, mais surtout, le départ de tout les Han. Leur slogan, en ce moment serait quelque chose comme : "le Tibet aux Tibétains".
Je ne suis personnellement pas nationaliste pour un sou, et je n'ai pas l'impression que ce soit de bonnes bases pour réclamer un pays juste pour les hommes qui y habitent. Evidemment, les chinois répriment les Tibétains, mais ils répriment également le reste de la Chine. Ce ne sont pas les chinois que l'on devrait dire, mais le gouvernement communiste de ce pays.
Tout le monde est au courant de l'aversion du communisme envers la religion. Le Tibet jouit à ce sujet d'une liberté inouïe au sein de la Chine.
Pour finir, le Dalaï Lama travaille depuis toujours à la création, puis à la démocratisation de son gouvernement en exil. Pourquoi quelqu'un qui dit qu'il ne souhaite pas l'indépendance de son pays est le chef d'un gouvernement en exil? Comment est-ce que les chinois peuvent croire au Dalaï Lama, si il maintient un gouvernement, qui, de toute évidence, est là pour remplacer le pouvoir chinois en place?
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- CommentAuthorLauwenmark
- CommentTimeApr 1st 2008 édité
Ceci étant dit, la Chine a donc bon nombre de réformes importantes à mener, et le dirigisme et contrôles économiques de cette période de transition justifient en quelque sorte le manque de liberté que la Chine subit. Toute tentative de faire un parallèle entre la Chine et une démocratie occidentale sera vain.
Il ne s'agit pas de dresser ici des parallèles avec les démocraties occidentales actuelles, mais bien d'en dresser avec certaines étapes par lesquelles lesdites démocraties sont passées. Et dans ce cadre de comparaison historique, force est de constater les nombreuses convergences entre l'attitude de la PRC envers le Tibet et les puissances européennes du XIXème siècle envers les peuples d'Afrique ou d'Asie.
Il ne s'agit pas ici de "simple" dirigisme ou de répression de certaines libertés (fondamentales ou pas), mais d'une assimilation ethnique et culturelle forcée et souvent brutale, laquelle n'est d'ailleurs pas sans évoquer la "russification" entreprise en Pologne, dans les pays baltes ou en Ukraine aux XIX et XXème siècles, ou encore les entreprises de "civilisation" du Zoulouland par le Royaume Uni.
Que la Chine ne soit pas mûre politiquement et socialement pour une démocratie "à l'occidentale", personne n'en disconviendra. Qu'un régime fort, apte à combattre les forces centrifuges qui menacent de désintégrer une nation immense et en pleine mutation économico-sociale, soit indispensable, cela aussi est difficilement contestable. Mais un régime fort et un pouvoir centralisateur n'impliquent pas pour autant l'épuration culturelle et la hiérarchisation ethnocentrique de la société chinoise.
Ceci étant dit, la Chine estime être dans son bon droit lorsqu'elle parle du Tibet comme d'une province Chinoise : le Tibet était une sorte d'état client des empereurs mandchous. Ceci ne justifie pas véritablement le droit "historique" sur le Tibet de la part de la Chine. Mais ce que le communisme à la Chinoise fait, c'est de prendre cette région, riche en minerai et stratégiquement bien placée, afin d'en faire profiter l'ensemble de la population chinoise. Les tibétains étant, pour l'administration centrale, des chinois.
Correction: ce que le communisme à la chinoise devrait faire. Car non seulement, des inégalités sociales purement basées sur l'origine ethnique et sur l'appartenance culturelle sont observées au Tibet, mais aussi l'essentiel des progrès économiques et des richesses redistribuées profitent aux seules grands centres urbains de la côte Est de la PRC. Les idéaux de Mao étaient peut-être louables, mais la situation actuelle démontre le manque flagrant de répartition équitable de richesses en Chine, ainsi qu'un accroissement de ces inégalités durant les trente dernières années, tant entre régions qu'entre ethnies "périphériques" et chinois.
Car ceux qui au Tibet décrochent les opportunités, les bons emplois, sont ceux qui sont de souche Han, autrement dit les chinois du reste du pays. Quoi de plus naturel, lorsque l'on sait qu'ils sont venus faire des commerces, ou prendre des emplois administratifs au sein de l'Etat? Il y également des aventuriers qui viennent sans doute au Tibet, dans l'espoir d'y faire fortune, mais... comme partout en ce monde.
En appliquant le même raisonnement, on pourrait facilement justifier la politique d'épuration culturelle russe envers les polonais au XIXème siècle (Quoi de plus naturel ? N'étaient-ils pas venus administrer l'Etat, en gérer les commerces, etc. ?), ou encore la situation complexe de l'Ulster jusqu'à très récemment...
En laissant tout angélisme simplet de côté, on peut tout de même s'interroger sur le soutien actif des autorités chinoises dans la constitution de monopoles chinois sur les industries et le secteur des biens et services au Tibet; mettre en doute l'impartialité de l'accès aux fonctions publiques, quasi-exclusivement réservé aux seuls chinois "pure souche"; souligner enfin la complaisance dont font preuve ces autorités envers les aventuriers de tout poil envers les populations indigènes qu'elles sont pourtant supposées considérer comme n'importe quel autre groupe chinois.
Les Tibétains, ne voyant pas ceci se refleter dans leur quotidien en leur bénéfice développent une haine envers ces "envahisseurs" qui leur volent leurs emplois, et tout à commencé avec l'attaque des autochtones aux commerces des résidents de souche Han. L'Etat doit en toute logique reprimer ces revoltes et remettre le calme dans les rues de Lhasa.
Des esprits sans doute un peu plus cyniques pourraient aussi arguer que le gouvernement chinois a beau jeu de se poser en défenseur des minorités chinoises, minorités dont il a lui-même activement soutenu les privilèges et les abus, créant ainsi une fracture sociale entre les deux ethnies qui ne pouvait, à terme, aboutir à autre chose qu'une explosion de mécontentement.
Les Tibétains ont effectivemment pris les Jeux Olympiques en otage, voyant là une opportunité en or pour se faire entendre de la communauté internationale, réclamant leur indépendance, mais surtout, le départ de tout les Han. Leur slogan, en ce moment serait quelque chose comme : "le Tibet aux Tibétains".
Les Jeux Olympiques constituent un symbole fort d'égalité et de fraternité entre les peuples. Ce symbolisme cadre difficilement avec la politique de répression culturelle et ethnique du pays organisateur; faut-il dès lors s'étonner de la réaction Tibétaine ?
Rappelons aussi que si la PRC a tant souhaité pouvoir accueillir les Jeux, c'est aussi et surtout pour montrer au reste du monde son ouverture aux idéaux qu'ils représentent. Quelque-part, on pourrait ainsi dire que, loin d'avoir été pris en otage par les tibétains, les Jeux l'ont avant tout été par la Chine, régime autoritaire et répressif, cherchant surtout à les transformer en une vitrine du communisme "next generation". Si le pays-organisateur lui-même instrumentalise politiquement les Jeux, peut-on en toute honnêteté blâmer une minorité opprimée (ou du moins s'auto-identifiant comme telle) d'en faire de même ?
Je ne suis personnellement pas nationaliste pour un sou, et je n'ai pas l'impression que ce soit de bonnes bases pour réclamer un pays juste pour les hommes qui y habitent.
Notons que les tibétains ne réclament pas l'expulsion des autres ethnies de leur pays, mais la fin des privilèges basés sur l'origine ethnique, ainsi que la possibilité d'exprimer *leur* culture sur *leur* territoire ancestral. Le droit de choisir sa religion, celui d'écrire ou de parler sa propre langue, ou même d'utiliser ses propres référents culturels, n'ont rien de nationaliste; la revendication indépendantiste se superpose certes à celle plus fondamentale de celle du droit à l'identité culturelle, mais elle est loin de se confondre avec cette dernière.
Tout le monde est au courant de l'aversion du communisme envers la religion. Le Tibet jouit à ce sujet d'une liberté inouïe au sein de la Chine.
Je suis sûr que les tibétains pratiquants, victimes d'injustices sociales ayant pour seule origine leur religion, apprécient à sa juste valeur la "liberté inouïe" dont ils bénéficient.
Pour finir, le Dalaï Lama travaille depuis toujours à la création, puis à la démocratisation de son gouvernement en exil. Pourquoi quelqu'un qui dit qu'il ne souhaite pas l'indépendance de son pays est le chef d'un gouvernement en exil?
Parce qu'il représente les anciennes élites chassées du pouvoir par les chinois ?
Faut-il également souligner que de nombreuses formules politiques existent entre le colonialisme et l'indépendance (fédéralisme, confédéralisme, régions autonomes, etc), toutes n'excluant pas l'existence de gouvernements régionaux au sein d'une entité nationale unique ?
Comment est-ce que les chinois peuvent croire au Dalaï Lama, si il maintient un gouvernement, qui, de toute évidence, est là pour remplacer le pouvoir chinois en place?
Il est impossible de répondre à cette question aussi longtemps qu'aucun dialogue n'existera entre le gouvernement tibétain en exil et celui de la PRC. Ici aussi, le parallèle entre l'URSS de Staline et le Gouvernement de Varsovie en exil à Londres me semble pertinent.
On ne peut nier que le renversement des anciennes élites Tibétaines a permis l'abolissement d'une société moyenâgeuse et théocratique; on ne peut pas davantage nier que cette libération a remplacé une forme de domination religieuse et aristocratique par une autre, fondée sur l'appartenance culturelle et l'exclusivisme doctrinal. Refuser la défense du droit à l'autodétermination des peuples et à l'identité culturelle propre, c'est justifier la "loi du plus fort" et en accepter tous les corollaires dont certains laissent encore un désagréable goût de cendre dans la bouche de beaucoup d'européens.
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- CommentAuthorJori
- CommentTimeApr 13th 2008 édité
En même temps, la culture, c'est surtout et avant tout dans la tête que ça se passe. Rien n'empêche les Tibétains de continuer leur culture, sauf les communistes arrivaient à leur laver le cerveau. Si une culture disparaît au profit d'une autre, c'est simplement parce que les habitants trouvent qu'ils ont un avantage certain à adopter cette nouvelle culture. Parle-t-on d'assassinat culturel français à cause de l'invasion de produits américains?
Trop de différences entre les peuples provoquent des conflits, de l'incompréhension, faut-il vraiment pleurer si la culture Tibétaine disparait?
C'est quoi la culture Tibétaine? Des paysans qui gardent des chèvres et des moines qui prient à longueur de journée? Je suis méchant et simpliste, mais voyons un peu le passé : la Grèce a été conquise par les Romains, par les armes. Les Grecs ont conquis les Romains par leur culture. Les gaulois, eux, ont pris la culture romaine.
Chaque peuple a pris la culture ou gardé la culture qui leur convenait, ce n'est pas par les armes qu'on change véritablement un peuple. Et quand bien même on le change contre son gré, est-ce véritablement un problème? Qui pleure de nous jours la disparition de toutes les langues d'Oc qu'il y avait en France, qui compliquaient la compréhension entre les différentes régions, qui compliquaient la cohésion nationale?
Les cultures régionales existent malgré tout, le Nord possède des us et coutumes bien différents du Sud.
On voit trop de bannières à Paris avec des "stoppez le génocide Tibétain". Génocide... pourquoi l'emploi d'un tel mot? Pour faire sensation? A quoi bon? Est-ce que le véritable combat ne devrait pas plutôt être : "pour la fin de la dictature communiste en Chine" ? C'est celui-là le vrai ennemi, non?
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